Un appui supposé sur la ligne intérieure du couloir lors du 400 m en 2016 – dont il affirme qu’il n’existe « aucune image » –, une blessure la même année en demi-finale du 100 m qui ruine ce qui devait être « une formalité » et le lien qui glisse du poignet de son guide à 45 centimètres de la ligne alors qu’il cavalait en tête de sa série du 400 m en 2021. Toutes ses mésaventures sont arrivées à Timothée Adolphe pendant les Jeux paralympiques.
A Paris, dimanche 1er septembre, il se présentait en grand favori du tour de piste de la catégorie T11 pour les déficients visuels, dont il avait dominé les séries et les demi-finales. Et alors que son guide Jeffrey Lami et lui filaient enfin vers un sacre tant attendu, le concurrent vénézuélien Enderson Santos Gonzalez est passé devant sur le fil, battant son record personnel pour gâcher la fête du Français (50 s 58 contre 50 s 75 pour le Tricolore). « C’est beaucoup de déception et de frustration. On ne produit pas la course qu’on voulait. J’ai été le maillon faible du binôme, a réagi Timothée Adolphe. On avait annoncé qu’on visait l’or. On voulait être à la hauteur du public. »
Huit ans, trois tentatives et un enchaînement de malchance qui en font presque l’équivalent sportif du personnage de Pierre Richard dans La Chèvre : « Pendant un moment, le guépard blanc [le surnom donné par son ex-coach burundais Arthémon Hatungimana] s’est transformé en chat noir », plaisantait-il mi-août dans un entretien au Monde.
Une quête qui l’obsède
Au Stade de France, le sprinteur français n’avait qu’un but, briser sa malédiction paralympique en remportant enfin sa première médaille d’or. Une quête qui l’obsède. En 2019, ce rappeur amateur l’avait même chanté dans son morceau Olympe : « Mon rêve n’est pas mort, décrocher l’or. J’effacerai mes chutes en mettant la gomme. »
Cinq ans plus tard, Timothée Adolphe, sextuple champion d’Europe et champion du monde 2019, n’a toujours pas ajouté à son palmarès le titre qui couronnerait son incroyable carrière. La soirée a pris une drôle de tournure quand le podium a été décalé à lundi, à la suite d’une réclamation posée par le clan français, pour un tractage de son athlète par le guide vénézuélien. Elle a été refusée, tout comme l’appel, par les commissaires de course. A vrai dire, le principal intéressé n’en voulait pas lui-même : « On sait qu’une disqualification est traumatisante, on ne leur souhaite pas. »
Les rêves de titre ne sont pas encore finis, puisque jeudi 5 septembre, il devrait disposer d’une autre chance en finale du 100 m. Une épreuve dont il est vice-champion en titre et où il fait également figure de favori avec le meilleur temps des engagés en 2024, 11 s 05. On n’ose plus rien prédire, peut-être le meilleur moyen d’écarter la scoumoune.
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