La sprinteuse italienne malvoyante Valentina Petrillo entretient une relation particulière avec Paris. Elle chérit la capitale française pour y avoir remporté, en juillet 2023, les médailles de bronze du 200 m et du 400 m en catégorie T12 (déficientes visuelles) aux championnats du monde de para athlétisme, glanant sa première qualification pour les Jeux paralympiques sur les deux distances. Elle l’aime aussi parce que « dans cette ville, personne ne [la] dévisage avec insistance ».
L’athlète de 50 ans sera pourtant scrutée lorsqu’elle calera ses pointes taille 44 et demi, et son mètre 82 pour 78 kg, dans les starting-blocks de la piste violette du Stade de France à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), pour le premier tour du 400 m, le 2 septembre, devenant la première sportive ouvertement transgenre à participer aux Jeux paralympiques depuis leur création, en 1960. Quelques jours plus tard, le 6 septembre, elle prendra le départ du 200 m.
Issue d’un quartier difficile et d’un milieu modeste à Naples, Valentina Petrillo a vécu jusqu’à ses 45 ans sous le prénom de Fabrizio, prisonnière d’un corps masculin qu’elle « détestait ». « Je sens que je suis une femme depuis que j’ai 5 ans, mais à l’adolescence je me suis résignée car je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je croyais être seule au monde dans ce cas », a-t-elle confié au Monde, à une semaine du début de l’événement.
En 1980, la victoire de son compatriote Pietro Mennea sur 200 m aux Jeux olympiques de Moscou la subjugue. Elle se jure d’endosser un jour le maillot azzurro pour sprinter aux Jeux, en tant que femme. Atteinte dès l’âge de 14 ans d’une dégénérescence maculaire génétique causant une perte progressive de la vision (maladie de Stargardt), elle met son rêve sur pause.
Elle ne commence véritablement l’athlétisme qu’à 20 ans, à Bologne, où elle étudie l’informatique dans un institut adapté aux malvoyants, ville dans laquelle elle vit et travaille désormais comme programmatrice en informatique à distance. Elle joue au cécifoot (la version paralympique du football à cinq) en équipe nationale masculine. Puis, de 2015 à 2018, elle se consacre à la piste et remporte onze titres nationaux en catégorie T12 hommes.
« Un processus long »
Fin 2018, elle fait son coming out en avouant à son épouse – avec qui elle a un fils aujourd’hui âgé de 9 ans – qu’elle s’habille en femme dès qu’elle le peut. Une fois le choc absorbé, celle-ci l’encourage dans sa transition, commencée en 2019. Le couple finit par divorcer, même si leur relation demeure « bonne ». « Le traitement hormonal est un choix difficile, souffle-t-elle. On sait ce que l’on laisse derrière soi mais on ne sait pas ce que l’on va trouver. »
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