A une semaine de l’élection présidentielle américaine, Joe Biden a semblé qualifier d’« ordures » les partisans de Donald Trump, mardi 29 octobre, et a aussitôt déclenché un tollé. Réagissant aux insultes racistes proférées à l’encontre des Portoricains par l’humoriste Tony Hinchcliffe lors du meeting de Donald Trump, dimanche, au Madison Square Garden, à New York, le président américain a affirmé, lors d’un appel vidéo pour la campagne électorale : « Les seules ordures que je vois flotter ici sont ses partisans. »
La candidate démocrate à la présidence – et actuelle vice-présidente – Kamala Harris a réagi mercredi, prenant ses distances avec ces propos. « Je veux être claire, je désapprouve vivement toute critique basée sur la préférence politique (…). Je représenterai tous les Américains, y compris ceux qui n’ont pas voté pour moi », a-t-elle répondu à des journalistes qui l’interrogeaient sur la phrase du président.
Dimanche, l’humoriste texan Tony Hinchcliffe avait comparé Porto Rico – un territoire américain –, dont beaucoup de natifs résident à New York, à « une île flottante d’ordures au milieu de l’océan ». Une sortie rapidement dénoncée sur les réseaux sociaux, notamment par l’équipe de campagne de Kamala Harris, et dont la campagne de Donald Trump avait essayé de se distancier.
Mardi soir, un porte-parole de la Maison Blanche a assuré que c’était seulement « la rhétorique haineuse entendue au meeting du Madison Square Garden » que Joe Biden avait voulu qualifier d’« ordure ». « C’est tout ce que je voulais dire. Les propos tenus lors de ce rassemblement ne reflètent pas ce que nous sommes en tant que nation », s’est aussi défendu Joe Biden sur X, assurant que ses propos ne visaient pas les soutiens de l’ancien président.
Interrogée par CNN à propos du commentaire du président, la Maison Blanche a encore insisté : M. Biden a voulu dire que les ordures qu’il voyait étaient « his supporter’s » (« celles de son partisan ») et non « his supporters » (« ses partisans »). Mais ces précisions dans le script du discours du président, le mal était fait.
« Ils méprisent des dizaines de millions d’Américains »
Mais ces précisions n’ont pas arrêté les républicains, qui n’ont pas tardé à s’emparer de cette erreur de campagne. Le sénateur de Floride, Marco Rubio, présent à un meeting de Donald Trump en Pennsylvanie, a fustigé les propos du président américain : « Il y a quelques instants, Joe Biden a déclaré que nos partisans, nos patriotes, étaient des ordures. Il parle des Américains de tous les jours qui aiment leur pays. »
« C’est terrible de dire quelque chose comme ça », a déclaré, de son côté, Donald Trump tandis que son colistier, J. D. Vance, a qualifié les propos de Joe Biden de « répugnants ». La porte-parole de la campagne de Trump, Karoline Leavitt, a ajouté dans un communiqué : « Il n’y a aucune autre façon de présenter la situation : Joe Biden et Kamala Harris ne détestent pas seulement le président Trump, ils méprisent les dizaines de millions d’Américains qui le soutiennent. »
La sortie de Joe Biden va à l’encontre de l’image rassembleuse que s’efforce de présenter Kamala Harris. Lors de son meeting, mardi, à Washington, la candidate démocrate a appelé à « cesser de nous pointer du doigt les uns les autres ». Sur CNN, le gouverneur démocrate de Pennsylvanie, Josh Shapiro, interrogé sur les propos tenus par le président américain, a assuré qu’il n’insulterait jamais « le bon peuple de Pennsylvanie ou n’importe quel Américain, même s’il choisissait de soutenir un candidat que je ne soutiens pas ».
En 2016, alors candidate à la présidentielle, Hillary Clinton avait comparé les électeurs de Donald Trump à un « panier de personnes pitoyables ». Elle avait présenté ses excuses, mais l’attaque l’avait poursuivie jusqu’au bout de la campagne.