La résidence donne sur deux rues discrètes du centre de la petite ville de Remiremont (Vosges). C’est pour sa quiétude, en plus d’un accès à un parking privatif, que Jessica et Raphaël De Abreu, un couple de restaurateurs, ont décidé d’y acheter un appartement en vue d’un projet de location un peu particulier.
Baptisée Le Spa de la Quarterelle, cette love room, pensée comme « un nid coquin », a suscité son lot de réprobations avant même son ouverture. « Ce qui a surtout fait jaser », se rappelle Raphaël De Abreu, c’est le contraste entre le concept du logement, orienté vers les plaisirs charnels, et l’histoire de la résidence, qui a longtemps abrité des religieuses. Mais les courriers courroucés et appels anonymes « se sont vite arrêtés » après la mise en location du studio, début 2023, relève le quadragénaire. « Les voisins ont constaté que les clients sont des gens polis, discrets, qui viennent juste passer une soirée en amoureux. »
Remiremont, mais aussi Perpignan, Flers, Cannes, Saint-Brieuc… La presse régionale se fait régulièrement l’écho de l’ouverture de ces love rooms, dont les annonces fleurissent sur les plateformes de location (Airbnb ou Booking), ainsi que sur une dizaine de sites spécialisés (LoveRoomers, Nuit d’amour…). « Le phénomène s’est démocratisé depuis la crise du Covid-19 », constate Jérôme Forget, spécialiste du marché des locations indépendantes et gérant du cabinet de conseil Guest & Strategy. « Avant 2020, il n’y avait qu’une dizaine de biens de ce type, très connotés sexuellement. Aujourd’hui, on en retrouve plus d’un millier sur l’ensemble du territoire », note-t-il.
Un succès d’autant plus surprenant qu’un concept similaire, celui des love hotels japonais, n’a pas pris en France au tournant des années 2000. « Les love rooms épousent les mêmes tendances de fond, qui ont, depuis, infusé dans la société : le besoin des couples de s’évader de leur foyer pour se recréer des bulles d’intimité et une libéralisation des pratiques sexuelles », explique Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme.
Pimenter le quotidien en toute discrétion
Justine – qui n’a pas souhaité donner son nom de famille – est la fondatrice de la plateforme de location Evasion romantique, lancée en 2022 avec son conjoint, après avoir eux-mêmes cherché ce type de biens. Pour elle, « une love room est bien plus qu’un lieu d’évasion sexuelle à la Cinquante nuances de Grey : c’est un lieu d’évasion, tout court ». « Les clients-types sont des couples, entre 35 et 55 ans, qui viennent se retrouver et pimenter leur quotidien », abonde Samuel, cofondateur du site Love’n Spa, qui rassemble une sélection de près de six cents biens de ce type.
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