La passion française pour les vieilles pierres ne se dément pas. Les émissions télévisées dédiées au patrimoine font le plein. Pétitions et mobilisations en sa faveur enflamment les réseaux sociaux. Cette appétence se vérifie aussi dans la fréquentation des sites patrimoniaux. En 2023, les musées et monuments nationaux ont accueilli 46,8 millions de visiteurs, d’après la nouvelle édition de Patrimostat, l’enquête de référence publiée, jeudi 19 septembre, par le ministère de la culture, à la veille des 41es Journées européennes du patrimoine.
Ce chiffre n’est que la pointe émergée d’une catégorie qui regroupe plus de 1 200 musées de France, près de 46 000 monuments historiques répartis entre l’Hexagone et les territoires ultramarins, quelque 258 « Maisons des illustres », 1 646 architectures contemporaines « remarquables », des archives nationales, régionales et départementales, des jardins, « remarquables », cela va sans dire. Sans oublier les 6 000 sites en péril signalés par le Loto du patrimoine.
La Rue de Valois n’a pas encore les données consolidées pour l’intégralité de ces lieux qui, en 2022, avaient attiré 81 millions de visiteurs. Mais les éléments récoltés témoignent déjà d’un vrai rebond. Mis en lumière par l’actualité mémorielle, le Panthéon a atteint pour la première fois le million d’entrées. Le Musée d’Orsay a vu ses entrées grimper de 18 % par rapport à 2022. L’embellie se confirme hors de la capitale. L’audience du château de Fougères-sur-Bièvre (Loir-et-Cher) a bondi de 92 %, le Mont-Saint-Michel (Manche) de 23 %. Plus réjouissant encore, Patrimostat constate un rajeunissement du public, en hausse notamment de 6 % dans les musées nationaux.
Le prix en repoussoir
L’enquête n’est toutefois pas exempte de bémols. Seul un petit tiers des Français ont visité un musée ou une exposition en 2023, presque autant que l’année précédente, mais beaucoup moins qu’en 2019, où ils étaient 41 % à s’y rendre. Ils sont en revanche plus nombreux (59 %) à avoir pris un billet pour un monument. Le patrimoine a-t-il plus la cote que les musées ? « Il y a de la place pour tout le monde », relativise la Rue de Valois.
Face à l’inflation galopante, les Français font des choix. Et quand on leur demande quelles sorties ils tiennent à préserver, ils sont 53 % à arbitrer en faveur du cinéma, contre 36 % pour les visites patrimoniales. Le prix agit en repoussoir : 36 % des habitués des sorties culturelles ont renoncé à une visite patrimoniale parce qu’ils l’ont jugée trop chère.
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