Comme elles sont parlantes, ces images de la première ministre danoise, Mette Frederiksen, réunissant ses collègues nordiques à dîner, le 26 janvier, puis visitant Berlin, Paris et Bruxelles deux jours plus tard, avant de se rendre à Londres le 4 février ! Face à un allié américain qui n’exclut plus d’utiliser la force, militaire ou économique, pour s’emparer du Groenland, territoire autonome danois, et considère le royaume scandinave comme « un mauvais allié », le Danemark « n’est pas seul », a rappelé la leader sociale-démocrate sur Facebook. « Nous avons plusieurs alliés proches avec lesquels nous partageons des valeurs. Et nous appartenons à un continent que nous sommes en passe de rendre encore plus fort (…) sur le plan militaire et sur le plan économique et technologique. »
La mue est saisissante. Il y a cinq ans, Mette Frederiksen, au pouvoir depuis 2019, considérée alors comme la première ministre « la plus eurosceptique de l’histoire du pays », n’avait de cesse de fustiger une Union européenne (UE) « trop dépensière ». A Bruxelles, elle avait rejoint ses homologues autrichiens, néerlandais et suédois au sein du groupe des « frugaux », apôtres de l’orthodoxie budgétaire, qui s’était opposé à la mutualisation de la dette, dans le cadre du plan de relance européen de 2020 destiné à contrecarrer l’impact du Covid-19.
De la participation du Danemark à la politique de sécurité et de défense européenne, il n’était alors pas question. Pour une raison technique d’abord : avant l’entrée en vigueur du traité de Maastricht, en 1993, Copenhague avait obtenu une série de dérogations portant sur la monnaie unique, la citoyenneté européenne, la justice et la politique de sécurité et de défense européenne. « Remettre en cause ces “opt-out” était inenvisageable dans le contexte de l’époque », souligne Kristian Soby Kristensen, directeur de l’Institut de stratégie et d’études de la guerre au Collège royal de la défense danoise.
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