Sur le campus de Berkeley (Californie), le 23 avril 2024.

Le 4 septembre, 160 étudiants et membres du corps enseignants du campus de Berkeley (Californie) recevaient un e-mail expliquant que leur nom faisait partie d’une liste envoyée à l’administration Trump dans le cadre d’une enquête sur des « incidents antisémites présumés ». Lesquels ? Ils n’en savent encore rien.

Seule des 160 concernés dont l’identité est pour l’instant connue : la philosophe Judith Butler. Professeure à Berkeley depuis près de trente ans, elle a écrit une lettre ouverte, publiée par The Nation, Libération et La Stampa, le 16 septembre, comparant leur situation à celle du personnage du Procès de Kafka, accusé d’un crime dont il ignore tout.

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L’affaire s’inscrit dans le contexte de l’offensive brutale menée par l’administration au prétexte de lutte contre l’antisémitisme au sein des universités. La tactique est toujours la même : lancer des « enquêtes », bloquer des milliards de dollars fédéraux destinés à la recherche, puis extorquer des concessions.

Accusée de tolérer l’antisémitisme sur son campus, et menacée à ce titre de perdre 1,3 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) de fonds fédéraux, l’université de Columbia (New York) a négocié avec l’administration, et accepté de payer une amende de 221 millions de dollars. Harvard, qui fait l’objet de douze enquêtes fédérales depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, a porté l’affaire devant la justice, mais poursuivi des négociations en parallèle – il a été question d’un accord 500 millions de dollars. Des tractations qui apparentent l’opération à du racket organisé.

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