Lors d’une manifestation à Vannes, le 19 mai 2025.

Il est crucial de lever « le tabou » de l’inceste parental et d’agir face à la situation « intenable » des « mères protectrices », ces femmes qui se battent pour protéger leurs enfants de pères soupçonnés d’être incestueux, a estimé, vendredi 14 novembre, le député Christian Baptiste. Cet élu apparenté au groupe du Parti socialiste a déposé fin octobre une proposition de résolution (PPR) pour créer une commission d’enquête sur le traitement judiciaire de ces cas.

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« Il est essentiel de rendre visible cette problématique qui existe et qui reste taboue », a déclaré Christian Baptiste à l’Agence France-Presse en marge d’un échange avec une centaine de personnes concernées, majoritairement des femmes, à l’Assemblée nationale. « Il est plus que temps qu’on puisse prendre le temps d’enquêter et de se pencher sur les potentielles failles actuelles » du traitement judiciaire, a-t-il ajouté, précisant avoir le soutien de plus de 70 députés de tous bords politiques.

A ses côtés, le député écologiste Arnaud Bonnet a appelé à une « bascule de la société » et une « réelle prise en compte de la parole des enfants ». Pour que cette commission d’enquête voie le jour, il faut que cette proposition de résolution soit inscrite à l’ordre du jour puis adoptée par l’Assemblée, ou que le groupe parlementaire du député utilise un droit de tirage lui permettant de créer une commission d’enquête.

« Sortir du déni collectif »

Pour Sihem Ghars, fondatrice du collectif « Incesticide », ce serait une « excellente nouvelle » et cela permettrait de « regarder la poussière sous le tapis », « voir les failles » et mettre un terme à des « décisions délétères ». Engagée aux côtés du collectif, Carla Bruni a appelé à « sortir du déni collectif » sur la pédocriminalité et sur l’inceste et à mettre à plat un système actuel « intolérable ».

Des associations alertent depuis plusieurs années sur la situation de ces « mères protectrices » ou « mères en cavale » qui refusent, dans des cas d’inceste paternel, suspecté ou non encore jugé, de remettre l’enfant au père, même pendant l’enquête, et voient les institutions se retourner contre elles. Pour protéger leurs enfants, elles s’exposent ainsi à des représailles judiciaires, au risque d’en perdre la garde.

Leur appel a été relayé en 2024 par des expertes indépendantes de l’ONU qui ont exhorté la France à mettre fin aux « traitements discriminatoires » subies par ces mères. La problématique est également sortie de l’ombre grâce à la Commission sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise). En février, la ministre chargée de l’égalité femmes-hommes, Aurore Bergé, a jugé « particulièrement préoccupant » le manque de protection des mères en cas de violences des pères sur les enfants.

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Le Monde avec AFP

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