Dans les hôpitaux de Beyrouth, les équipes qui ont assisté à l’afflux des blessés des attaques ciblant des membres du Hezbollah, mardi 17 septembre, par le biais des explosions simultanées de bipeurs, suivies par une nouvelle série de déflagrations le lendemain, attribuées à Israël, sont sous le choc face aux lésions et aux mutilations qu’elles ont vues. « Les blessures les plus fréquentes ont touché les yeux et les mains. Quand un œil est blessé, quand il est traumatisé, il est irrécupérable. Dans certains cas, les deux yeux ont été touchés. Toute la nuit, les patients ont subi une première opération. Des jeunes ne verront plus : c’est très lourd », confie mercredi, le docteur Elie Gharios, directeur médical de l’hôpital universitaire Mont-Liban, en lisière de Beyrouth.
Une centaine de patients ont été reçus mardi dans cet établissement, dont la plupart sont affiliés au Hezbollah, le parti milice allié de Téhéran. Le bilan provisoire des deux attaques est de trente-deux morts et de plus de trois mille blessés. Le docteur Gharios manifeste son écœurement : « Ce qui se passe est ignoble, inacceptable. Même dans les guerres, il y a méthode et méthode. Ceux qui ont mené de telles attaques sont des sauvages. Médecin, chrétien, je souffre des divisions politiques dans mon pays, mais je ne peux pas accepter ce qui se passe. »
Des hommes du Hezbollah étaient visés par ces attaques inédites et de grande ampleur. Mais le fait que les explosions aient eu lieu en divers endroits – marchés, rues animées… –, avec le risque de victimes collatérales, suscite l’indignation de nombreux Libanais. Mercredi, l’une des explosions a eu lieu lors de funérailles de quatre membres du Hezbollah tués la veille, rassemblant une vaste foule dans la banlieue sud de Beyrouth.
Appel à la « solidarité nationale »
Parmi ces morts figure un fils du député du Hezbollah Ali Ammar. Lors des condoléances, mardi soir, dans la banlieue de Beyrouth, l’heure était à l’unité. Gebran Bassil, le président du Courant patriotique libre (formation chrétienne), qui a pris ses distances avec le Hezbollah après en avoir été un allié, s’est rendu sur place et a dénoncé une « agression contre tout le Liban. (…) En ce moment où Israël nous attaque, nous devons montrer notre force par notre unité, qui seule nous protège. » Le chef druze Walid Joumblatt, propalestinien, qui a plusieurs fois exprimé son soutien au parti chiite depuis le début de la guerre à Gaza, après en avoir longtemps été un adversaire, avait envoyé un de ses proches. M. Joumblatt a exprimé sa « solidarité totale avec la résistance [contre Israël, terme qui désigne le Hezbollah et ses alliés] » et appelé à la « solidarité nationale ». Les critiques émises contre les combats menés par le Hezbollah à la frontière avec Israël depuis octobre, en « soutien » à Gaza, portées sur l’échiquier politique principalement par le parti chrétien des Forces libanaises, sont mises, temporairement, en sourdine.
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