La promesse était belle mais l’objectif trop ambitieux. Révélé sur le réseau social TikTok par Emmanuel Macron le 4 juin, le Pass rail a permis aux 16-27 ans d’accéder de manière illimitée aux trains régionaux (TER) et aux Intercités pour 49 euros par mois, en juillet et en août. Cette formule devait encourager les jeunes à voyager en train et à délaisser la voiture, dans l’objectif d’effectuer des trajets toujours plus écologiques.
En deux mois et demi de commercialisation, du 5 juin au 17 août, 235 000 Pass rail ont été vendus. D’après Régions de France qui est à l’origine, avec l’Etat, de ce dispositif, 2,3 millions de billets ont été réservés au 27 août : 2 millions en TER et 290 000 en Intercités.
Néanmoins, le ministère des transports, lui, visait un « potentiel maximum » de 700 000 clients, soit 10 % de la classe d’âge des 16-27 ans en France. « Nous nous sommes retenus de donner la moindre prévision, donc nous ne sommes pas déçus », se défend un expert de Régions de France.
Si le Pass rail « n’a pas eu le succès escompté », c’est en partie « à cause des régions », juge François Delétraz, président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports. « Elles n’ont presque pas communiqué sur ce dispositif parce qu’elles ont leurs propres réductions et veulent être indépendantes », ajoute M. Delétraz. « Le Pass rail est une mesure commerciale parmi les autres offres régionales », assume de son côté Régions de France.
« Super excuse pour voyager »
Toutefois, les chiffres sont bien plus encourageants que ceux de l’ancienne version, le Pass jeunes TER. Les 12-25 ans avaient alors la possibilité de voyager de manière illimitée sur l’ensemble du réseau TER pour 29 euros, l’été 2020, ainsi que celui de 2021. Ce sont 70 000 exemplaires qui avaient été vendus en 2020 et 84 000 l’année suivante. « J’ai visité toute la France grâce à ce Pass en 2021 », se souvient Gaspard, 24 ans, qui a renouvelé son achat – d’un Pass rail cette fois – pour l’été 2024. Convaincu de « l’importance des lignes de TER », son achat est avant tout « politique ». « Je l’ai acheté pour gonfler les statistiques et montrer à quel point ce type de dispositif pour les jeunes est primordial », confie-t-il.
Si le Pass rail n’a pas réussi à atteindre les objectifs fixés par l’Etat, il fait le bonheur de ceux qui en ont fait l’acquisition. Agathe, 22 ans, l’a utilisé pour juillet et août. « J’ai visité Marseille, Cherbourg, Granville, Rennes et même Genève, en Suisse », énumère l’étudiante en cinéma qui est montée dans dix-neuf trains pour quatorze trajets. Elle a rentabilisé son abonnement en seulement un aller-retour Paris-Cherbourg pour rendre visite à ses parents, affiché à 60 euros sur l’application SNCF Connect.
Il vous reste 42.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.