
Huit ans et demi après l’ouverture d’une information judiciaire visant les agissements de Lafarge en Syrie, le premier procès de cette enquête tentaculaire s’ouvre, mardi 4 novembre, devant le tribunal correctionnel de Paris.
Les faits reprochés au cimentier sont infamants : la société comparaît pour avoir passé, entre 2012 et septembre 2014, des arrangements financiers avec les groupes djihadistes qui mettaient la Syrie à feu et à sang, dans le seul but de maintenir l’activité de son usine de Jalabiya, située dans le nord du pays.
Neuf prévenus sont renvoyés pour « financement du terrorisme » et, pour certains, pour une infraction douanière, le « non-respect de sanctions financières internationales ». Le premier d’entre eux est une personne morale : la société Lafarge SA, devenue en 2015 une filiale du groupe LafargeHolcim après son absorption par le cimentier suisse. Les huit autres sont des personnes physiques, parmi lesquelles figurent plusieurs anciens cadres du cimentier et de son usine syrienne, Lafarge Cement Syria (LCS).
Sur les bancs des prévenus prendront place l’ancien PDG de Lafarge, Bruno Lafont, le directeur général adjoint des opérations chargé de la Syrie, Christian Herrault, les deux dirigeants successifs de LCS, Bruno Pescheux et Frédéric Jolibois, et deux responsables de la sûreté de l’usine, le Norvégien Jacob Waerness et le Jordanien Ahmad Jaloudi. Deux hommes ayant servi d’intermédiaires entre la cimenterie et des groupes armés sont également renvoyés : le Syro-Canadien Amro Taleb et le Syrien Firas Tlass. Visé par un mandat d’arrêt international, ce dernier sera jugé en son absence.
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