L’interminable jeu de dupes qui s’est joué au cours de l’été, à l’issue des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, touche à son terme avec la nomination imminente d’un nouveau premier ministre. A ce stade, il n’a pas produit de gagnant mais fait un perdant, le Nouveau Front populaire (NFP), dont la candidate, Lucie Castets, a été éconduite, lundi 26 août, par Emmanuel Macron.
Au terme d’une longue et courtoise audition à l’Elysée en présence des représentants de La France insoumise (LFI), du Parti socialiste (PS), du Parti communiste français et des écologistes, la prétendante à Matignon a été jugée inapte au service au motif « qu’un gouvernement sur la base du seul programme et des seuls partis proposés par cette alliance… serait immédiatement censuré par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale ». Ni la virulente protestation des partis de gauche, qui ont aussitôt dénoncé « un déni de démocratie », ni l’appel de LFI à des « marches pour le respect de la démocratie » doublées du dépôt d’une motion de destitution du président de la République n’ont produit l’effet escompté. La riposte a fait flop.
Si la politique est d’abord un rapport de force, celui qu’a tenté d’imposer la gauche unie au lendemain d’un second tour des législatives dont elle est sortie en pole position s’est révélé particulièrement inopérant.
Le 7 juillet, le grand perdant de la dissolution de l’Assemblée nationale était Emmanuel Macron, qui, seul responsable du désastre qu’il avait provoqué, se trouvait particulièrement désarmé pour gérer la complexité d’une chambre introuvable alors que son propre camp le vouait aux gémonies. Un mois et demi plus tard, la situation du chef de l’Etat ne s’est pas substantiellement améliorée mais celle de la gauche unie s’est sensiblement dégradée.
Différences de stratégie
La chronologie des erreurs que ses dirigeants ont commises résume les faiblesses de l’attelage. Auréolé du succès du front républicain mis en œuvre pour contrer le Rassemblement national (RN), le NFP a, dès le départ, sapé la dynamique électorale qu’il avait enclenchée en échouant à s’entendre rapidement sur le nom d’un candidat pour Matignon.
Entre le forcing de départ exercé par Jean-Luc Mélenchon pour imposer l’un des siens et l’adoubement de Lucie Castets, une quasi-inconnue poussée par le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, il a fallu quinze jours. Dans ce délai, toutes sortes de noms, plus ou moins sérieux, ont été jetés en pâture pour être aussitôt rejetés par telle ou telle formation, sapant la crédibilité de la coalition.
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