Les étés du Rassemblement national (RN) ressemblent à des vieux disques rayés. « C’est toujours la même chose, regrette Marine Le Pen. On part au mois d’août, alors les commentateurs disent qu’on n’est plus là, qu’on ne travaille pas… » 2017, 2022, 2024. « C’est vrai que c’est toujours un peu le même film : [après chaque grande élection] on dit toujours qu’il faut qu’on se structure, qu’on se professionnalise », souffle Louis Aliot, le vice-président du parti d’extrême droite.
Le cadre de la rentrée était certes moins festif (Agde, dans l’Hérault, en 2022) ou champêtre (Beaucaire, dans le Gard, en 2023) que les années précédentes : les 156 parlementaires (nationaux et européens) étaient conviés dans les locaux de l’Assemblée nationale pour un austère séminaire de travail, samedi 14 et dimanche 15 septembre, conclu par un conseil national du mouvement. Une succession de conférences thématiques pour rappeler aux élus les grandes lignes programmatiques de leur parti et multiplier les satisfecit sur la place inédite occupée par le RN dans l’espace politique.
Deux mois après une campagne des législatives gangrenée par des dizaines de candidats racistes, antisémites ou incapables d’assurer un débat, l’éviction des « brebis galeuses » a été noyée dans une valse de renouvellements à la tête des fédérations départementales. Lors d’une prise de parole début juillet, le président du RN Jordan Bardella avait promis un « examen de conscience », après le fiasco de son « plan Matignon ».
« Nous nous devons d’être irréprochables »
Les principales leçons tirées publiquement consistent surtout à mettre en garde leurs représentants contre des médias accusés d’alimenter une « petite musique » différente de celle composée par le parti. « Ne vous laissez pas ballotter par les commentaires toujours contradictoires », a répété Marine Le Pen. « Vous allez lire beaucoup de bêtises à l’occasion de cette rentrée. Je ne peux que vous inciter à ne rien céder à ces petites manip[ulations] qui visent encore une fois à vous déprimer, à déprimer nos sympathisants, à déprimer nos électeurs », a complété Jordan Bardella, venu avec un « florilège » de titres de presse ayant eu le tort d’évoquer les dissensions au sein d’un parti contraint de procéder en coulisses à une purge de ses éléments les plus radicaux.
« Contrairement à nos adversaires, aucune mansuétude, aucune tolérance, aucun droit à l’erreur ne nous sera accordé. Nous nous devons donc d’être irréprochables », a mis en garde le président du RN, dans une salle marquée par l’absence de la députée Christine Engrand (Pas-de-Calais), épinglée quelques jours avant pour avoir pioché dans son enveloppe parlementaire pour financer des dépenses personnelles et conduit munie d’un permis invalide depuis 2009. Jordan Bardella a confirmé qu’elle serait convoquée par la commission des conflits du parti.
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