Son échec en demi-finale du 800 m dames, dimanche 4 août, n’a pas empêché Anaïs Bourgoin de recevoir l’ovation du public du Stade de France. La policière de 27 ans a pourtant failli ne jamais connaître ce frisson. Gardienne de la paix à temps plein dans le 18e arrondissement de Paris, la jeune femme avait dû prendre une disponibilité pour s’entraîner et espérer améliorer des performances lui interdisant jusque-là une sélection aux Jeux olympiques (JO). Aux championnats d’Europe d’athlétisme du mois de juin, à Rome, sa stratégie paie et ses résultats lui permettent de se qualifier. Début juillet, elle obtient in extremis son sésame, l’inscription sur la liste de sportifs de haut niveau du ministère des sports sans laquelle elle ne pourrait concourir.
Avec ses cinq médaillés aux Jeux olympiques – l’or pour Kauli Vaast en surf ; l’argent pour Anastasiia Kirpichnikova (1 500 m nage libre) et Camille Jedrzejewski (tir au pistolet à 25 m) ; le bronze pour Sébastien Patrice et Maxime Pianfetti (sabre par équipe) – et un espoir, Gabriel Tual, qualifié, vendredi 9 août, pour la finale du 800 m, la police nationale tire les bénéfices d’une politique récente, motivée à la fois par la promotion de la pratique sportive en son sein et d’évidentes considérations de communication.
Longtemps contraints de suivre une scolarité à l’école de gardiens de la paix, les sportifs de haut niveau de la police ne bénéficiaient que d’aménagements très limités au long de leur carrière pour espérer s’entraîner au niveau requis pour briller dans les compétitions internationales, gage de cohésion interne, d’émulation mais aussi de retombées en matière d’image pour l’institution.
Les athlètes paralympiques, eux, étaient tout bonnement exclus du système, les critères d’aptitude physique au concours de gardien de la paix ne leur permettant pas de postuler. Fin 2022, la mission sport de l’institution met en place un nouveau dispositif en collaboration avec l’Agence nationale du sport. Désormais, les athlètes peuvent être recrutés comme contractuels après avoir reçu une simple formation de policiers réservistes, maniement de l’arme de service compris – sans doute une formalité pour Camille Jedrzejewski, médaille d’argent au tir au pistolet à 25 m et bénéficiaire du dispositif.
« Nous souhaitons donner à nos champions les meilleures conditions possibles pour éviter la précarité financière qui touche beaucoup de sportifs de haut niveau et leur permettre de s’entraîner pour performer et offrir des médailles à la France », explique la commissaire divisionnaire Rachel Costard, cheffe de la mission sports de la police nationale et ancienne compétitrice d’athlétisme et de volley-ball. Son adjoint, le commandant Jean-François Briand, n’a pas bénéficié des mêmes conditions que les soixante-six athlètes de l’équipe police nationale (et huit pour les Jeux paralympiques) engagée en 2024 dans vingt-quatre disciplines : après avoir participé aux épreuves de kayak à l’occasion des JO de Barcelone, en 1992, il a passé le concours de gardien de la paix tout en continuant à s’entraîner, sans dispositif d’aide spécifique.
Il vous reste 68.16% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.