Le tribunal pénal canonique national (TPCN) a reconnu coupable l’abbé Bernard Tartu, prêtre de 89 ans du diocèse de Tours, de violences sexuelles sur plusieurs enfants, a-t-on appris jeudi 28 novembre d’un communiqué du diocèse. C’est la première fois qu’une décision de ce tribunal ecclésiastique catholique français – mis sur pied en décembre 2022 par la Conférence des évêques de France et le Vatican après le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) – est portée à la connaissance du public.
L’abbé Tartu avait fondé en 1954 la chorale des Petits Chanteurs de Touraine, rattachée à la cathédrale de Tours, et par laquelle sont passés un millier de jeunes garçons jusqu’au début des années 2000. Encouragées par les révélations de la Ciase, plusieurs victimes ayant fréquenté cette chorale s’étaient regroupées en décembre 2021 dans un collectif appelé « Voix libérées », comptant aujourd’hui environ 70 membres. Neuf victimes avaient saisi le TPCN, pour des faits commis entre 1968 et 1985, donc prescrits pour la justice civile. A l’époque, les victimes étaient âgées de 8 à 18 ans.
Le prêtre octogénaire a été condamné par le TPCN à une « interdiction perpétuelle de la célébration publique de tout acte liturgique et de tout sacrement », à l’exception du droit de célébrer la messe seul en privé, précise le communiqué du diocèse. Il est aussi frappé d’une « interdiction perpétuelle d’exercer tout ministère d’accompagnement spirituel de personnes mineures ». Le TPCN a également décidé une « assignation à domicile », selon le texte.
« Nous avons dû affronter bien des résistances »
Cette décision a soulagé la plupart des victimes présentes vendredi à une conférence de presse organisée conjointement par le diocèse, le collectif Voix libérées, l’Instance nationale indépendante de réparation et de reconnaissance, et l’association France Victimes 37. « Cette condamnation nous conforte dans notre objectif que justice soit rendue, que les coupables répondent de leurs actes et que ces crimes atroces ne soient plus jamais tolérés ni dissimulés, a réagi Christian Guéritauld, coordinateur des Voix libérées. Nous avons dû affronter bien des résistances, des incompréhensions, des critiques, parfois même des menaces. Mais chaque fois qu’une voix courageuse se levait pour dénoncer, notre détermination grandissait. Chaque pas en avant est un hommage à leur courage. »
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