Ce fut un instant fugace. Un témoignage rare d’empathie. Le 11 janvier 2015, après les attentats contre Charlie Hebdo, un professeur d’Arras, chapeau sur la tête, se détache de la marche républicaine organisée ce jour-là, pour aller embrasser un CRS, un solide gaillard de 32 ans originaire de la Martinique. L’heure était à la communion, à la reconnaissance. La foule applaudissait les fourgons de maintien de l’ordre destinés à sécuriser la marche.

Lire l’entretien (2024) | Article réservé à nos abonnés Riss, dix ans après l’attentat contre « Charlie Hebdo » : « Le plaisir du dessin est plus fort que la peur ! »

Puis tout est redevenu comme avant : « Si t’es fier d’être CRS, tape ton collègue », crie-t-on dans les cortèges contre la réforme des retraites en 2023. Quatre-vingts ans après la création de leur corps, les quelque 13 520 CRS restent les policiers les moins populaires, ceux qu’aucune série télévisée ne se risque à mettre en avant.

Il faut remonter aux origines chaotiques pour comprendre les racines de cette antipathie. Le 8 décembre 1944, six mois après le Débarquement, le général de Gaulle et le ministre de l’intérieur du gouvernement alors provisoire, Adrien Tixier, décident de dissoudre les groupes mobiles de réserve (GMR) et de les remplacer, le même jour, par les compagnies républicaines de sécurité (CRS). Les premières unités, créées en 1941 par le gouvernement de Vichy, traînaient l’image sulfureuse de forces d’appoint de l’occupant. Elles sévirent notamment contre le maquis de Bergerac, en Dordogne, dans le Massif central, et bouclèrent le Vercors alors que les troupes allemandes y traquaient les résistants.

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