Un faux village à la gloire de la France des années 1970, où le visiteur est accueilli par une publicité Banania, une épicerie Félix Potin et une Renault 4L de la gendarmerie. C’est dans cette reconstitution en carton-pâte de la France d’antan que les députés macronistes (groupe Ensemble pour la République, EPR) ont accueilli, mardi 10 septembre, le nouveau premier ministre, Michel Barnier, à l’occasion de leurs journées parlementaires qui se tiennent à Rosny-sur-Seine (Yvelines) jusqu’à mercredi.
Sous les coups de 19 heures, mardi, lors d’une rencontre privée, le nouveau locataire de Matignon s’est présenté devant eux pour une allocution de 45 minutes. Multipliant les attentions à leur égard – « J’ai beaucoup de raisons de me sentir à l’aise parmi vous » ou encore « J’ai besoin de vous et le président a besoin de vous » –, Michel Barnier a dessiné à grands traits les contours de sa future gouvernance.
« Je ne demande pas un chèque en blanc. Vous avez de l’exigence, j’en ai aussi », leur a-t-il déclaré, assurant vouloir « rassembler tous ceux qui veulent être libres ». L’ancien commissaire européen leur a également expliqué qu’il n’était pas « le chef de la majorité » puisque « la majorité n’existe pas à l’Assemblée nationale ». Et de promettre qu’il constituera « un nouveau gouvernement et pas un remaniement », laissant présager d’un vaste renouvellement de ministres.
Une « ligne rouge » macroniste à géométrie variable
Plus tôt dans la journée, à l’occasion d’une réunion à huis clos réunissant les députés du camp macroniste, le désormais ancien premier ministre, Gabriel Attal, avait également défini la ligne que le groupe qu’il préside à l’Assemblée nationale entend tenir à l’égard du nouveau chef du gouvernement. « Notre premier devoir envers les Français, c’est d’être dans une logique de construction, de tout faire pour que ça marche », avait-il affirmé, ajoutant « ne jamais être dans le blocage par principe ». Mais M. Attal avait également rappelé que ce « soutien ne peut pas être tenu pour acquis et qu’il passe par des engagements forts sur notre programme législatif. » « Nous ne sommes pas près de brader nos valeurs », a-t-il asséné.
Derrière « les valeurs » invoquées par Gabriel Attal, pointe l’ombre de Marine Le Pen. En 2021, M. Barnier défendait « un référendum sur l’immigration » ou « l’abrogation de l’aide médicale d’Etat [un dispositif qui permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins] » pendant sa campagne lors de la primaire du parti Les Républicains (LR) en vue de la présidentielle de 2022 – deux propositions piochées dans le programme du Rassemblement national (RN) – et il a encore fait de la question migratoire sa priorité lors de ses premières expressions publiques. Mardi soir, il s’est bien gardé d’évoquer le sujet devant ses alliés de circonstance, préférant insister sur des thèmes aussi consensuels que les outre-mer ou la décentralisation.
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