Il est loin le temps où les sommets du Forum des îles du Pacifique (PIF), une organisation politique de coopération régionale, se tenaient dans une relative indifférence. Cette année, plus d’un millier de responsables politiques, diplomates et représentants de différentes organisations se sont pressés, du 26 au 30 août, à Nuku’alofa, la petite capitale des îles Tonga, située au centre d’un Pacifique Sud devenu point névralgique de la rivalité stratégique sino-américaine.
« Nous avons bien conscience que notre région suscite un grand intérêt d’un point de vue géopolitique depuis quelques années. Mais les questions de sécurité perçues par nos grands partenaires de développement ne sont pas les mêmes que celles que nous considérons comme importantes », avait prévenu, le 24 août, Mark Brown, le premier ministre des Îles Cook, dans un entretien à Islands Business.
La mise en garde était prémonitoire. Vendredi soir, le sommet s’est terminé sur un psychodrame bien éloigné des préoccupations de ces pays parmi les plus menacés au monde par la crise climatique. L’envoyé spécial de Pékin, Qian Bo, a jugé « inacceptable » que Taïwan – un territoire considéré par Pékin comme une province chinoise – figure dans le communiqué final en tant que « partenaire de développement ». Bien que le Forum utilise cette formule depuis trois décennies et que la Chine soit un simple « partenaire de dialogue » de l’organisation qui regroupe 18 Etats et territoires associés du Pacifique, le diplomate a fini par obtenir gain de cause.
Pendant cinq jours, les membres du PIF avaient consacré l’essentiel de leurs discussions aux crises auxquelles leur région est en proie, qu’il s’agisse du changement climatique, des problèmes de sécurité liés au trafic de drogue et à la pêche illégale ou encore de la compétition géostratégique. Ils ont également longuement évoqué les troubles en Nouvelle-Calédonie, réaffirmant, à l’issue du sommet, leur engagement à envoyer « une mission de haut niveau » sur place et leur volonté d’y voir rétablies « la paix et la stabilité ».
Accueil des réfugiés climatiques
L’ouverture du sommet, mardi 27 août, avait été marquée par le SOS sur la montée des eaux, lancé par Antonio Guterres. Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies a dévoilé, aux Tonga, un rapport démontrant que le niveau des mers s’était accru de quelque 15 centimètres dans certaines zones du Pacifique ces trente dernières années, bien davantage que la moyenne mondiale estimée à 9,4 centimètres.
Il vous reste 59.03% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.