Ils avaient ému les délégués lors de la convention démocrate à Chicago, le 21 août. Lorsque les parents de Hersh Goldberg-Polin avaient pris la parole, leur fils de 23 ans, enlevé par le Hamas, était encore vivant. Son corps a été retrouvé en fin de semaine par l’armée israélienne dans un tunnel sous la ville de Rafah. Il a été abattu à bout portant par des combattants du Hamas, selon l’Etat hébreu, tout comme cinq autres otages.
En raison du rôle public joué par ses parents Jon et Rachel dans la mobilisation en faveur des otages et de leurs multiples contacts avec des officiels américains, l’émotion suscitée a été vive à Washington. Le deuil de cette famille se double du sentiment que le temps manque pour sauver les détenus encore vivants.
Pourtant, les officiels américains refusent de mettre des mots sur l’impasse actuelle, comme le fait une partie de la société israélienne, remontée contre son propre gouvernement. Peu avant minuit, samedi, Joe Biden puis Kamala Harris ont publié, chacun, un communiqué. Le président s’est dit « dévasté et scandalisé », « le cœur brisé » ajoutant que « les leaders du Hamas paieront pour ces crimes », en référence à Yahya Sinouar, son chef de file introuvable.
De son côté, la vice-présidente a estimé que cette « organisation terroriste maléfique » devra être « éliminée » et que « le Hamas ne peut contrôler Gaza ». Des formules empruntées au jargon de la droite israélienne depuis onze mois et qui ne correspondent pas aux analyses opérationnelles de l’armée elle-même, ne voulant guère s’éterniser dans le territoire palestinien en ruines.
Décalage avec la réalité
La candidate démocrate a tenu, ces derniers mois, des propos plus empathiques que Joe Biden envers les civils suppliciés de Gaza. Mais, à deux mois de l’élection présidentielle, elle ne veut pas s’exposer au soupçon qu’elle tournerait le dos à Israël, malgré la mobilisation et les critiques d’une partie de la jeunesse démocrate dans plusieurs Etats-clés, comme le Wisconsin ou le Michigan.
Samedi, la vice-présidente n’a pas fait de référence explicite aux efforts diplomatiques de l’administration, depuis de longs mois, en vue d’un cessez-le-feu. Il permettrait d’obtenir la libération des otages en échange d’un retrait militaire israélien et de la libération de plusieurs centaines de détenus palestiniens. A la mi-août, Joe Biden se disait « optimiste » sur la conclusion imminente des négociations.
Dans son entourage, on évoquait même une date, la fin de la semaine du 19 août, soit celle de la convention démocrate à Chicago. De tels propos avaient déjà été tenus au cours des mois précédents, sans conséquence, entraînant une dévaluation de la crédibilité américaine. Lundi 2 septembre, Joe Biden devait réunir son équipe de négociateurs à la Maison Blanche, pour formuler une offre ultime dans les prochains jours.
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