Persécution des travailleurs étrangers et des minorités les plus vulnérables, destruction des services publics, assauts contre les universités et la recherche, atteintes à la séparation des pouvoirs, criminalisation des opposants, violations répétées du droit international… On pourrait espérer que le spectacle offert par Donald Trump et ses sbires soit l’occasion de revitaliser l’Europe en faisant d’elle le bastion du libéralisme politique.

Le caractère ubuesque du 47e président des Etats-Unis n’a-t-il pas vocation à jeter un discrédit définitif sur les discours et les pratiques qui, de ce côté-ci de l’Atlantique, contribuent à l’effacement de la frontière entre la droite et l’extrême droite ? Force est d’admettre qu’il n’en est rien. Au contraire, plus les autorités de Washington associent la brutalité au grotesque et plus leurs homologues du Vieux Continent font preuve de complaisance et d’obséquiosité.

D’aucuns avanceront que les dirigeants européens n’ont pas le choix. Confrontés à la menace russe et durablement dépendants de l’« allié » américain pour leur défense, il leur incomberait de tout faire pour éviter de froisser Donald Trump. Ainsi se justifierait le fait d’accéder à toutes ses exigences, y compris aux dépens de la transition énergétique et de leurs propres intérêts commerciaux. Pour autant, assumer la soumission et les flagorneries au prétexte du réalisme ne permet pas encore de comprendre pourquoi les gouvernements de l’Union européenne convertissent leur impuissance en mimétisme.

Lire aussi l’enquête | Article réservé à nos abonnés Le trumpisme, cette politique qui échappe à tout concept précis

Loin d’assumer le rôle de vigie des valeurs humanistes en affichant leur attachement aux libertés publiques, à l’habitabilité de la planète et à la solidarité, la plupart d’entre eux n’ont en effet de cesse de durcir leurs politiques migratoires et sécuritaires, de revenir sur leurs modestes engagements environnementaux et d’assurer aux milliardaires qu’ils hébergent des avantages réglementaires et fiscaux comparables à ceux dont bénéficient leurs frères d’armes états-uniens. Pour les démocraties européennes, tout se passe donc comme si les outrances de leur volatil tuteur faisaient moins office d’alarme propice au sursaut que de paravent destiné à abriter leurs propres dérives.

Il vous reste 68.43% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version