Ce mardi 8 octobre, six pays européens et Interpol en appellent à la population pour identifier 46 femmes retrouvées décédées au cours des quarante dernières années.
Des portraits robots ont été publiés sur son site, ainsi que des signes particuliers et objets personnels.
Elles sont blondes, brunes, ou châtains et ont les cheveux courts, mi-longs ou longs. Elles ont la peau claire, mate ou foncée. Elles sont grandes ou petites, rondes ou minces mais ont toutes deux points communs : elles ont été retrouvées mortes il y a des années et n’ont jamais été identifiées. Pour tenter de résoudre ces cold case au nombre de 46, Interpol annonce ce mardi une collaboration avec la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Espagne, et la France, pays concernés par ces affaires et révèle des informations sur ces dossiers.
« La plupart de ces femmes ont été tuées ou sont décédées dans des circonstances suspectes ou inexpliquées. Certaines de ces affaires, ou ‘cold cases’, remontent à plusieurs dizaines d’années », détaille l’organisation de police criminelle sur son site. Pour mettre un nom sur ces corps, jusqu’alors baptisés « la femme du port d’Ostende », »la femme aux faux ongles », « la femme aux tatouages panthère et scorpion » ou encore « la femme près de l’autoroute », celle-ci a mis également en ligne des portraits-robots, des photos des signes distinctifs mais aussi des effets personnels des victimes qui pourraient raviver les souvenirs de certaines personnes.
Sept Françaises parmi les victimes
Parmi ces cadavres sans nom, sept femmes françaises retrouvées mortes entre 1982 et 2021. Le dossier le plus ancien remonte à plus de 40 ans. La victime, dont l’âge a été estimé entre 16 et 23 ans, a été retrouvée le 25 novembre 1982 par un chasseur sur la commune de Le Cellier, en Loire-Atlantique. Elle a été baptisée « la femme à la pièce de 10 cents » car elle avait sur elle une pièce anglaise de cette valeur.
Dans les dossiers français, il y a aussi celui de « La femme aux dents particulières », qui portait au moment de la découverte du corps, le 26 janvier 1994 dans le bois d’Alix à Lassy dans le Val-d’Oise, de nombreux bijoux, comme cette gourmette dorée floquée du prénom « Thierry ».
Plus récemment, il y a aussi cette femme, retrouvée le 23 juin 2021 à Saint-Denis et dont l’âge a été estimé à une vingtaine d’années. Les restes humains de la victime ont été découverts dans un sac-poubelle dans un terrain vague. Le sac contenait son crâne… et les os de sa jambe gauche.
Une affaire résolue grâce aux témoignages
Cette initiative d’Interpol d’en appeler à la population pour identifier des victimes n’est pas inédite. Elle s’inscrit dans le prolongement du succès de la campagne Identify Me lancée en mai 2023 en vue d’identifier 22 femmes décédées, qui a permis d’obtenir du public quelque 1800 renseignements.
« Identify Me a déjà obtenu des résultats probants avec l’élucidation d’une affaire vieille de 31 ans. Deux jours après le lancement de la première phase de l’opération, le 10 mai 2023, des proches de Rita Roberts, une citoyenne britannique, ont contacté le service téléphonique dédié après avoir reconnu le tatouage de la jeune femme dans les médias » , se félicite l’organisation.
Rita Roberts avait 31 ans lorsqu’elle a quitté Cardiff, au Pays de Galles, en février 1992. Sa famille n’a plus eu de ses nouvelles à partir de mai 1992, et son corps, alors non identifié, a été découvert à Anvers le 3 juin 1992. L’enquête a permis de déterminer qu’elle avait été tuée.
Plusieurs personnalités soutiennent la démarche
Plusieurs célébrités ont soutenu cette démarche de la police criminelle et se sont portées ambassadrices de la campagne via une vidéo en ligne.
Toute personne ayant des informations doit se faire connaître
« La campagne est activement soutenue par les actrices, chanteuses et sportives indiquées ci-dessous, notamment via un message vidéo (ci-dessous) dans lequel elles entendent sensibiliser à ces affaires et encourager le public à participer », se réjouit Interpol qui cite notamment Axelle Red pour la Belgique, Marie-José Pérec ou encore Sarah Biasini pour la France.
« Chacune de ces femmes décédées a une histoire et des proches qui sont en droit d’obtenir des réponses. Nous demandons instamment à toute personne en possession d’informations de se faire connaître et d’apporter son concours à cette initiative essentielle », insiste par ailleurs l’organisation en évoquant les victimes.
Le grand public, et en particulier tous ceux qui se souviennent d’une amie ou d’une parente disparue, sont invités à consulter le site Web d’INTERPOL et à contacter l’équipe de police nationale concernée s’ils disposent de la moindre information. Pour plus de détails, rendez-vous à l’adresse www.interpol.int (nouvelle fenêtre)