Dans le cadre du projet de loi de finances 2025, désormais en suspens, plusieurs amendements visant à instaurer une taxe pour chaque animal utilisé dans des projets de recherche ont été déposés à l’Assemblée nationale et au Sénat. Ces amendements, émanant de parlementaires de tous horizons, ont été nourris d’arguments déployés depuis de nombreuses années par des associations militantes, dont l’une a même contribué à leur rédaction. S’ils traduisent de légitimes questionnements de la société, ils ne sont pas exempts de partialité et de contrevérités, qui faussent un débat que l’on attend objectif et correctement étayé afin qu’il soit intelligible et constructif.
Cette tribune est l’occasion de verser au débat les éléments qui nous paraissent opposer à la passion une nécessaire rationalité. Sur la forme, nous sommes évidemment favorables à l’idée d’augmenter le financement du Centre français pour les 3R (FC3R), créé en 2021 à l’initiative des principaux acteurs de la recherche française. Il est en effet essentiel de « remplacer », « réduire » et « raffiner » : préférer des méthodes sans animaux dès que possible, ramener au strict nécessaire le nombre d’animaux et les utiliser dans les conditions les plus dignes et respectueuses. Ces trois principes, qui fondent la règle des « 3R », sont la clé de voûte de la réglementation qui guide la pratique quotidienne des chercheurs. Le FC3R travaille avec et pour la recherche.
Nous regrettons cependant qu’à aucun moment la communauté scientifique n’ait été consultée par les parlementaires à l’origine de ces amendements. La taxe qu’ils proposent pénaliserait l’ensemble des équipes de recherche qui, pour la plupart, utilisent à la fois des modèles animaux et des méthodes alternatives.
Sur le fond, l’exposé des motifs de ces propositions comporte des contrevérités, qui démontrent, au choix, une méconnaissance du sujet, une volonté affirmée de tordre la réalité ou, pire, les deux. L’exemple le plus symbolique du moment est l’argument selon lequel « 90 % des traitements testés avec succès sur les animaux se révèlent inefficaces ou dangereux pour les êtres humains ».
Cette affirmation – qui s’appuie notamment sur une publication parue en juin dans la revue scientifique PLOS Biology – est martelée depuis des semaines par un certain nombre d’associations, et reprise dans l’exposé des motifs des amendements parlementaires. Elle passe pourtant sous silence toute une partie de cette publication. Si celle-ci s’interroge sur le faible pourcentage de candidats médicaments qui seront in fine commercialisés pour l’humain, elle n’est en aucune façon un plaidoyer pour l’arrêt de l’expérimentation animale.
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