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« Les pleurs de bébés liés à la faim, à l’isolement ou à l’inconfort, ne présentaient pas de caractéristiques distinctes », selon l’étude.
BÉBÉS – C’est la quête du Graal de tout parent : savoir pourquoi pleure ce nourrisson qui hurle dans ses bras. A-t-il faim, mal au ventre, chaud, soif ? Est-il fatigué, angoissé, en colère ? De nombreuses « techniques » de reconnaissance des pleurs de bébés permettraient d’en deviner la cause. Oubliez. Selon cette étude parue début octobre dans Communications Psychology, rien ne permettrait de distinguer la cause des pleurs d’un nourrisson.
Deux équipes de recherche de l’université Jean Monnet à Saint-Étienne, de l’Inserm et du CNRS ont recueilli 39 201 pleurs de 24 bébés, enregistrés à leur domicile de manière longitudinale, de 15 jours à 3,5 mois. Dans 75 % des cas, les pleurs étaient causés par l’inconfort, la faim ou l’isolement, selon l’évaluation des parents a posteriori.

« Pas de caractéristiques distinctes » selon la cause
« Alors que la croyance populaire veut que les pleurs des bébés informent quant à leur cause, les algorithmes d’apprentissage automatique utilisés dans le cadre de cette étude n’ont trouvé aucune preuve que les pleurs des bébés communiquent leur cause, souligne l’étude. Ils ont au contraire montré que les pleurs de bébés liés à la faim, à l’isolement ou à l’inconfort, ne présentaient pas de caractéristiques distinctes. »
Pour corroborer ces résultats, les chercheurs ont également mené deux expériences de perception psychoacoustique, pour tester si les auditeurs humains pouvaient évaluer les causes des pleurs des nourrissons. Même constat : « Comme les algorithmes d’apprentissage automatique, les auditeurs humains ne peuvent pas reconnaître de manière cohérente la cause des pleurs à partir de courts enregistrements de pleurs d’enfants humains produits dans les trois contextes les plus courants, indépendamment de leur statut parental ou de leur sexe, et ce même après un bref entraînement », concluent-ils.
« Une signature vocale propre »
Le seul cri ou pleur qui se distingue est celui de la douleur. « Un certain nombre d’études utilisant diverses méthodes d’analyse acoustique suivies d’un apprentissage automatique ont montré qu’il était possible de distinguer les cris exprimant une forte douleur des cris dus à une autre cause », nuance l’étude.

Chaque nourrisson possède en revanche « une signature vocale propre » et les pleurs peuvent fournir des informations fiables sur l’âge et l’identité. « Les voix des bébés deviennent plus tonales et moins stridentes avec l’âge, tandis que les signatures acoustiques individuelles dérivent au cours des premiers mois de la vie », précisent les chercheurs. Les résultats confirment que les pleurs des filles et des garçons sont en revanche acoustiquement similaires.
Mais rien sur la cause des pleurs, ce qui va à l’encontre de ce que l’on pense traditionnellement : un parent sait ce dont a besoin son enfant. Impossible donc de parler de « pleurs de naissance, pleurs de faim, les pleurs de plaisir, pleurs de sursaut et pleurs d’attention », par exemple.
Les scientifiques soulignent cependant qu’il y a d’autres facteurs permettant aux parents de deviner la cause des pleurs de leur enfant, comme des indices visuels, auditifs et olfactifs ainsi que des indices contextuels – par exemple, l’heure de la journée ou l’heure à laquelle l’enfant a été nourri.
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