Un refus d’obtempérer, un choc mortel et du protoxyde d’azote retrouvé : un trentenaire a été mis en examen et placé en détention provisoire pour homicide routier à la suite de la mort, à Lille, samedi 1er novembre, d’un jeune homme de 19 ans prénommé Mathis.
Le conducteur « a refusé à deux reprises de s’arrêter, malgré les injonctions en ce sens des effectifs de police », a souligné le ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, en visite dans le Nord. « C’est tout à fait intolérable, surtout que ça se traduit par un drame, la mort d’un jeune homme qui devait avoir 20 ans dans quarante-huit heures ».
Mathis a été tué à 4 h 48 dans la nuit de vendredi à samedi, en plein centre-ville, près de la préfecture. « Percuté par un véhicule qui roulait à vive allure », il est « décédé sur le coup avant l’arrivée des pompiers », a détaillé Samuel Finielz, procureur de Lille, dans un communiqué. « Quelques mètres après l’accident, le mis en cause s’est arrêté et a tenté de prendre la fuite à pied avant d’être interpellé », a poursuivi le procureur.
« Nous ne baisserons pas la garde, on ne laissera rien passer sur le refus d’obtempérer », a ajouté Laurent Nuñez, précisant avoir donné comme instruction de « poursuivre les véhicules » et interpeller les conducteurs lors de ce genre de délits, « en augmentation » depuis le début de l’année, selon lui.
Du protoxyde d’azote retrouvé
Le conducteur présumé du véhicule, un homme âgé de 31 ans « connu pour des délits routiers », a été mis en examen dimanche pour homicide routier avec trois circonstances aggravantes : violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité et de prudence, délit de fuite et refus d’obtempérer.
« Des bouteilles de protoxyde d’azote ont été trouvées dans le véhicule », a ajouté le procureur, précisant que l’enquête permet pour l’heure d’établir « une consommation de protoxyde d’azote contemporaine de la conduite du véhicule ». Le suspect n’a pas reconnu les faits et a contesté avoir conduit le véhicule, a précisé le procureur. Filmées par un témoin, des images partielles du drame ont circulé sur les réseaux sociaux.
Mathis, adopté par un couple du nord de la France, où il a grandi, « était quelqu’un de très enjoué, qui avait toujours le sourire, quelqu’un de solaire », a décrit son père au quotidien local La Voix du Nord. Interrogé sur le drame, il appelle à ne « pas laisser passer ce genre de comportement ».
Pour Marine Le Pen, patronne des députés Rassemblement national, « ces drames insupportables et récurrents qui plongent des familles dans une douleur insondable doivent connaître une réponse pénale implacable », a-t-elle écrit sur X. « J’exprime toute ma solidarité » aux proches de Mathis, a écrit sur le même réseau social le député LFI du Nord Ugo Bernalicis, qui assure avoir été « parmi les premiers à alerter sur la nécessité d’une véritable politique de prévention en matière de consommation, dotée de moyens à la hauteur des enjeux ».
Un cadre législatif en évolution
Concernant le protoxyde d’azote, « nous luttons contre le trafic de bonbonnes » mais « il faudra un moment s’interroger sur une modification des règles législatives sur la vente de ce type de produits », a souligné Laurent Nuñez.
Le Sénat a voté en mars la pénalisation de l’usage détourné du protoxyde d’azote ou « gaz hilarant », sans aller toutefois jusqu’à interdire totalement sa vente aux particuliers, comme l’avaient fait auparavant les députés. L’avenir de cette loi dépendra des négociations entre les deux Chambres. Par ailleurs, comme d’autres villes, la mairie de Lille a pris en mai un arrêté interdisant l’utilisation, la vente ou la consommation de protoxyde d’azote sur la voie publique.
La loi créant le délit d’homicide routier a été promulguée en juillet après un combat de plusieurs années des familles et associations de victimes. Avec ce délit, les responsables d’accidents mortels de la circulation accompagnés d’au moins une circonstance aggravante sont désormais poursuivis pour homicide routier. Lorsqu’un conducteur se rend coupable d’au moins deux de ces circonstances, il risque une peine de dix ans d’emprisonnement.












