La forêt française est en première ligne face à la double crise du climat et de la biodiversité. Et, avec elle, l’Office national des forêts (ONF), l’un des principaux organismes chargés de sa préservation. A la demande de citoyens consultés en 2023, la Cour des comptes s’est penchée sur la capacité de cet établissement public à relever le défi de la transition écologique. Créé en 1964, l’ONF a pour principale mission la gestion durable de la forêt publique, qui représente le quart de la superficie forestière française, les trois quarts restants étant gérés par des propriétaires privés.
Dans son rapport, publié jeudi 19 septembre, la juridiction financière rappelle d’abord à quel point les massifs forestiers sont aujourd’hui vulnérables : ils subissent des dépérissements massifs, liés aux sécheresses à répétition et à la prolifération de ravageurs, et des incendies de plus en plus fréquents et intenses. Des conséquences directes du réchauffement de la planète qui se répercutent sur l’organisation, les missions et les finances de l’ONF.
Parmi les effets les plus visibles, l’ONF estimait, fin 2021, qu’environ 50 000 hectares étaient sinistrés, soit une superficie en hausse de 30 % par rapport à 2019. Ces surfaces devront être renouvelées, mais le contexte est particulièrement incertain : les essences plantées aujourd’hui seront-elles adaptées au climat de 2050 ou de 2100 ? Les plants correspondants seront-ils disponibles ? Les populations d’ongulés trop abondantes, qui mettent à mal les efforts de plantation et de régénération, pourront-elles être contrôlées ?
La croissance des arbres ralentit
A l’horizon 2050, l’ONF prévoit que l’effort de reconstitution de
peuplements dépérissants – ou susceptibles de le devenir – dans les forêts domaniales aura presque doublé, passant de 12 000 à 21 000 hectares par an. L’établissement estime, en outre, que la moitié de ces peuplements devront être reconstitués par plantation contre un quart seulement aujourd’hui, le reste étant renouvelé en laissant la forêt se régénérer naturellement.
Autre impact direct du réchauffement, la croissance des arbres ralentit : la production biologique des forêts publiques française a diminué de 6,5 % entre 2005 et 2021, entraînant une baisse du volume de bois exploitable. Depuis 2017, les volumes mis en vente ont ainsi chuté de 19 % dans les forêts domaniales et de 4 % dans les autres forêts, le plus souvent détenues par des collectivités.
Ces évolutions vont peser sur les ressources de l’ONF, alors que 40 % de son
chiffre d’affaires provient des recettes liées aux ventes de bois domaniaux, et que les coûts du renouvellement devraient substantiellement augmenter. « La transition écologique remet en question le principe historique voulant que “le bois paie la forêt” », note la Cour des comptes.
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