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L’homme de 42 ans, détenu à la prison d’Argentan, était recherché depuis plusieurs jours.
MEDIA – Une passe d’armes juridique. Alors que Gérald Darmanin avait annoncé, jeudi 6 juillet, saisir la justice contre le journal Oise Hebdo pour avoir publié l’identité ainsi que la commune de résidence du policier qui a tué Nahel, 17 ans, à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, au cours d’un contrôle routier, le journal local a décidé de répliquer.
« “La publication” Oise Hebdo publie des informations personnelles mettant en danger la vie de la famille du policier en détention », a tweeté le ministre de l’Intérieur. « Malgré nos demandes de retrait de ce contenu irresponsable, celle-ci persiste. Je saisis le procureur de la République », a-t-il ajouté.

Menacé de mort
Le syndicat Unité SGP Police, rattaché à FO, a affirmé dans un communiqué qu’il avait « saisi et obtenu du ministre (de l’Intérieur) des poursuites contre cette honteuse révélation » d’Oise Hebdo « permettant d’identifier le domicile (du policier et de sa famille) alors qu’ils sont menacés de mort ».
L’hebdomadaire Oise Hebdo avait en effet publié jeudi sur son site internet un portrait du policier en révélant son identité et sa commune de résidence. On pouvait également le voir photographié en tenue militaire.
Oise Hebdo persiste et signe
Ce vendredi, en dépit de la plainte de Gérald Darmanin, la publication persiste et signe pourtant. Dans un article intitulé « L’article 39 sexies de la loi de 1881 n’interdit pas de divulguer l’identité (du policier) », Oise Hebdo se justifie en effet d’avoir révélé l’identité du fonctionnaire, apportant des éléments juridiques à son argumentaire. « L’article 39 sexies, qui ne date pas de 1881 mais de 2011, fixe de façon limitative la liste des fonctionnaires de police et militaires de la gendarmerie nationale qui ont droit à l’anonymat. Le policier (qui a tué Nahel) n’est pas inclus dans cette liste. Il n’est pas concerné par cette loi », peut-on ainsi y lire.

Plus loin dans cet article, le média local justifie par ailleurs sa démarche, expliquant avoir « recoupé » l’information d’abord divulguée sur « des sites d’extrême gauche ’anti-flics’ ». « Or, notre journal est consacré aux nouvelles de l’Oise, c’est sa fonction et sa légitimité », assure encore le titre de presse, qui assure que lui, au contraire des sites cités précédemment, n’a pas de volonté de « nuire ».
Et de s’opposer aux déclarations de Gérald Darmanin sur la capacité de telles révélations à « mettre en danger le policier et sa famille », puisque Oise hebdo l’assure : « Ce n’est pas le cas puisque les syndicats, eux-mêmes, indiquent que la famille a été mise à l’abri. Quant au policier, il est également, pour l’heure présente, en sécurité. »
Des interpellations après la révélation d’informations personnelles
Des arguments qui semblent bien loin de convaincre les défenseurs des forces de l’ordre, en tête desquels Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris. « C’est scandaleux », a-t-il déploré ce vendredi 7 juillet au matin, au micro de franceinfo, comme vous pouvez le voir ci-dessous. « On foule la présomption d’innocence. C’est menacer sa famille, ses collègues. C’est une loi du Talion qui n’a pas sa place dans notre République. »

Interrogé sur de possibles mesures de protection prise pour accompagner les collègues du policier, membres de la brigade motocycliste des Hauts-de-Seine, Laurent Nuñez a précisé : « Il y a des investigations judiciaires qui nous permettent d’interpeller des individus qui les menacent ou qui révèlent l’identité, l’adresse de fonctionnaires. » Et de faire savoir que deux interpellations du genre ont déjà eu lieu. « Et nous allons continuer à investiguer. »
La mort du jeune Nahel a provoqué plusieurs nuits consécutives de violences, d’incendies de voitures ou de poubelles, de saccages de bâtiments publics et de pillages dans de nombreuses villes de France.
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