La mpox est une zoonose : issue du monde animal, elle se transmet aux humains au détour de contacts sporadiques dans la brousse dans les pays africains, où elle est endémique. Mais se pourrait-il que le virus fasse le chemin inverse et passe, au gré d’une épidémie, des humains à leurs animaux de compagnie ? Le risque, encore théorique, est pris au sérieux par les autorités sanitaires.
Dans la plupart des pays, il est en effet recommandé aux malades de la mpox d’éviter au maximum les contacts avec leurs animaux, voire de les faire garder dans un autre lieu que celui où ils se sont isolés, comme aux Etats-Unis. En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), préconise, « avant chaque contact avec son animal », de se laver les mains, puis de porter des gants et un masque à usage unique. « C’est avant tout une question d’hygiène, nous avions fait le même type de recommandations pendant la pandémie de Covid-19 », souligne Florence Etoré, cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés au bien-être, à la santé et à l’alimentation des animaux, et aux vecteurs de l’Anses.
Pourquoi tant de précautions ? L’enjeu est d’éviter à tout prix que le virus passe d’un animal de compagnie à la faune sauvage. S’il s’installait sur le long terme parmi des espèces communes en zone tempérée, il deviendrait alors très compliqué, voire impossible, de se débarrasser de cette maladie. Si l’éradication de la variole a été rendue possible par la vaccination de masse, c’est uniquement parce que cette maladie se transmet exclusivement entre humains. La mpox n’est pour le moment endémique – ce qui signifie que les contaminations sont possibles en permanence – que dans une partie du continent africain. L’enjeu est qu’elle ne se propage pas au-delà sur le long terme.
Echantillons de 34 animaux de compagnie
Les éléments dont on dispose aujourd’hui pour estimer cette probabilité sont assez faibles. En juin 2022, pour la première fois, des infectiologues et virologues de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, ont étudié un cas de transmission du virus monkeypox d’un couple d’hommes à leur chien. Les tests ont montré que le virus identifié dans les échantillons d’un des patients était identique à celui provenant de lésions cutanées de l’animal. Mais les chercheurs sont prudents : « Si le chien était bien porteur du virus, il n’a pour autant pas développé la maladie », a mis en garde l’Anses quelques mois plus tard, en octobre 2022. Les experts concluent dans un rapport que les chiens pourraient, au minimum, présenter un « portage cutané de faible intensité et de durée limitée », ce qui signifie que le virus pourrait être présent dans des plaies ou pustules externes (non provoquées par la maladie) sans pour autant contaminer l’animal. Un cas similaire avait été identifié au Brésil en août 2022.
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