Est-il encore utile de se faire vacciner contre la mpox (anciennement appelée « variole du singe », du nom du virus causant la maladie, le monkeypox) ? La Haute Autorité de santé (HAS), organisation indépendante chargée d’orienter la politique de santé française, répond par l’affirmative, et conseille, lundi 2 septembre, aux personnes à risque de se faire injecter le produit de Bavarian Nordic, commercialisé en Europe sous le nom d’Imvanex.
Cette population cible n’a pas changé depuis la dernière flambée épidémique hors d’Afrique en 2022-2023. Il s’agit des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), des personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples, des personnes en situation de prostitution, des professionnels des lieux de rencontre sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux, et enfin des personnes partageant le même lieu de vie que celles précédemment citées.
Au total, ce sont donc quelque 300 000 personnes qui sont concernées par ces recommandations vaccinales, puisque Santé publique France évalue à environ 250 000 personnes la population HSH ayant des partenaires multiples, et les autorités estiment à environ 30 000 à 40 000 les personnes en situation de prostitution.
« Nous sommes face à un vrai risque pandémique, insiste l’infectiologue Anne-Claude Crémieux. C’est peut-être une des rares fois où nous sommes, face à un virus potentiellement pandémique, dans la possibilité d’intervenir alors que la maladie est encore circonscrite à une population cible limitée. Il faut tirer les leçons du passé. » La présidente de la commission technique des vaccinations de la HAS, à l’origine de l’avis, fait ainsi référence à la première flambée épidémique de mpox hors d’Afrique qui, en 2022 et 2023, a touché 117 pays à travers le monde, provoquant quelque 100 000 cas de cette maladie jusque-là endémique seulement dans quelques pays africains.
« Le facteur déterminant, c’est le multipartenariat anonyme »
L’enjeu sanitaire est aujourd’hui double, puisque le sous-clade 2b à l’origine de la flambée d’il y a deux ans continue à circuler dans treize pays hors d’Afrique, dont la France – 126 cas ont été signalés dans le pays depuis le début de l’année, dont une seule femme. Et le nouveau sous-clade 1b identifié depuis un an en République démocratique du Congo (RDC) et qui se dissémine à grande vitesse chez ses voisins africains, pourrait se diffuser à l’échelle mondiale, comme ce fut le cas avec son prédécesseur.
La population cible en France reste inchangée depuis 2022, même si la maladie infecte majoritairement des enfants sur le territoire africain. Les deux sous-clades qui inquiètent aujourd’hui la communauté internationale se diffusent principalement par voie sexuelle parmi les populations ayant des partenaires multiples. Le premier cluster identifié en avril 2024 pour le nouveau sous-clade 1b était en effet parmi des HSH dans la province de Kwango, en RDC.
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