
« Ce serait confortable de se dire, après tout ce temps : “qui pour me détrôner ?” Non, je me prépare comme s’il s’agissait de ma première fois. » Depuis sa mairie, un ancien hôtel particulier d’une grande famille d’industriels de Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher), Jeanny Lorgeoux balaye l’horizon, dominé par une élégante pagode chinoise et la porte monumentale de l’ancienne fabrique de draps en laine, témoin de la prospérité passée de cette commune de 19 000 habitants.
Après quarante années à diriger la ville, le « Lion de Sologne » – un sobriquet qu’il assume – s’avance vers une énième joute politique. En mars 2026, celui qui aura soufflé ses 76 bougies briguera un nouveau mandat de maire, le huitième sans discontinuer depuis 1985.
Dans la cité autrefois ouvrière traversée par la Sauldre, bouleversée par le séisme de la fermeture de l’usine Matra Automobile et la destruction de près d’un millier d’emplois en 2003, le temps semble avoir fait son œuvre.
« Nous nous sommes relevés, défend Jeanny Lorgeoux, détaillant ses réalisations derrière l’immense fenêtre dominant la rue. J’ai des chantiers importants à terminer et encore de nombreuses idées pour les miens », poursuit-il, l’œil pétillant, pour expliquer les raisons d’une nouvelle candidature, annoncée dès le printemps, à un an de l’échéance. Fragilisé un temps par des problèmes de santé mais désormais « opérationnel », il n’élude pas, non plus, la dimension philosophique que revêt pour lui cette nouvelle campagne. « Dans le combat, je me sens bien. Et travailler, c’est aussi une manière de repousser la mort », admet ce social-démocrate qui rejette désormais toute filiation à un parti.
Il vous reste 69.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

