Quand on demande à Pierre Jouvet, le numéro deux du Parti socialiste (PS), comment se porte son numéro un, il est rassurant : « Plutôt bien. Malheureusement pour lui, il est habitué à ce genre de séquence. » Sachant que, depuis quelques jours, l’activité principale d’Olivier Faure, premier secrétaire, consiste à contrer une attaque personnelle aussi grave que ciblée : en ne soutenant pas suffisamment la candidature de Bernard Cazeneuve à Matignon, il l’aurait torpillée auprès d’Emmanuel Macron, et précipité la nomination du membre du parti Les Républicains (LR) Michel Barnier au poste de premier ministre.
Pour se défendre, Olivier Faure manie l’ironie sur le réseau X. Il s’est appuyé, lundi 9 septembre, sur une déclaration de Marine Le Pen dans Le Parisien (« Je n’ai pas choisi le premier ministre, je ne suis pas le DRH d’Emmanuel Macron ») pour écrire : « Evidemment puisqu’il paraît que c’est moi. » Il exhorte surtout ses soutiens à pourfendre « cette fable » auprès d’un maximum de journalistes. « Vous pensez vraiment qu’Emmanuel Macron avait l’intention de nommer quelqu’un de gauche ? interroge Pierre Jouvet. Le leurre est absolu. Nos opposants internes véhiculent cette rumeur macroniste. »
Effectivement, les remuants « opposants internes » d’Olivier Faure ne décolèrent plus depuis que le bureau national du PS, mardi 3 septembre, a refusé d’apporter un soutien explicite à Bernard Cazeneuve. Il est vrai que le chef de file du PS ne cesse de le répéter : une telle nomination fragiliserait le Nouveau Front populaire (NFP), car les « insoumis » et les écologistes n’en veulent pas. Vendredi 6 septembre, dans Libération, Anne Hidalgo a confié qu’elle était « dans une colère profonde » : « Quand je vois que le Parti socialiste a empêché la nomination de Bernard Cazeneuve qui, je le rappelle, vient de nos rangs. Encore une fois, la direction s’en est remise à Jean-Luc Mélenchon. » La maire de Paris ne perd jamais une occasion de tacler Olivier Faure. Depuis la campagne présidentielle catastrophique de 2022, Mme Hidalgo lui réserve une place particulière dans la fosse commune de ses ennemis intimes.
« Un piège grossier »
« Nous n’allions pas soutenir Bernard Cazeneuve alors que les autres partenaires du NFP n’en voulaient pas, se défend Olivier Faure auprès du Monde. C’est le seul homme de gauche, qui a décrié le NFP. Le soutenir, sans avoir l’assurance qu’il serait nommé, revenait à tomber dans un piège grossier. » Sauf que, dès le lendemain de ce fameux bureau national, Olivier Faure affirme, sur TF1, que l’envoyer à Matignon serait une forme « d’anomalie ». Une « anomalie » ? Même les plus proches partisans de M. Faure sont gênés par le terme. Et il n’en faut pas beaucoup plus à ses adversaires pour raviver leur théorie : le premier secrétaire aurait personnellement manœuvré pour empêcher l’avocat du cabinet August Debouzy d’être nommé. Hussein Bourgi, sénateur socialiste de l’Hérault, proche de l’ancien premier ministre, évoque même, sur X, une « entreprise d’impeachment orchestrée par Olivier Faure. »
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