PLANÈTE+ – LUNDI 2 SEPTEMBRE À 20 H 55 – DOCUMENTAIRE
Ce pourrait ressembler à un film de science-fiction. Un robot humanoïde aux allures d’Iron Man ou du Speedy SPD-13, d’Isaac Asimov, avec deux caméras en guise d’yeux, des bras et des mains mécaniques… L’engin fouille des épaves en grande profondeur comme le ferait un plongeur.
A l’heure de l’IA et de l’« homme augmenté », Ocean One K ouvre une nouvelle ère de l’archéologie sous-marine. Le documentaire de Mathieu Pradinaud nous embarque pour les six premiers jours de plongée de ce robot révolutionnaire, au large de Marseille et de la Corse.
Cet engin a été mis au point par le Robotic Lab, le laboratoire de robotique de l’université Stanford à San Francisco (Californie), en coopération avec le département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm), basé à Marseille. Bourré de capteurs, Ocean One K est dirigé depuis la surface, par le biais d’une sorte de cordon ombilical relié à un bateau, par un humain muni de lunettes 3D et de commandes haptiques, qui lui permettent de ressentir ce que le robot découvre et touche.
« Un avatar d’être humain »
« C’est un avatar d’être humain aux capacités exceptionnelles, se félicite son “père”, Oussama Khatib, robotiste et professeur d’informatique à Stanford. Les robots [sous-marins] jusqu’ici sont conçus pour voir, nous avons besoin de robots pour agir. »
Le tragique accident du sous-marin Titan, qui implosa en approchant l’épave du Titanic à 3 800 mètres de fond, en juin 2023, avec cinq personnes à bord, l’a cruellement rappelé : en l’état actuel de la technologie d’exploration sous-marine, l’homme ne peut plonger lui-même au fin fond des abysses pour mener des fouilles archéologiques. Les historiens n’entendent pas pour autant faire l’impasse sur « le plus grand musée du monde » que sont les océans.
Avec son autonomie quasi illimitée, Ocean One K est donc investi d’une mission : « Faire en sorte qu’un jour on puisse travailler dans de très grandes profondeurs, où l’humain n’a absolument pas sa place », résume Michel L’Hour, ancien patron du Drassm, membre de l’Académie de marine − que d’aucuns ont baptisé « Indiana Jones en combinaison de plongée ».
Enjeux historique et humain
Au cours de ces six jours de test, Ocean One K va plonger de plus en plus profond pour explorer des épaves récentes ou (très) anciennes. D’un Lockheed P-38, un avion de combat disparu en 1944 dans la baie de La Ciotat, à un navire romain de l’époque de l’empereur Hadrien (vers 130 après J.-C.), retrouvé au large de Bastia ; du sous-marin Protée coulé en décembre 1943 entre Alger et Marseille, par 120 mètres de fond, à la Lune, un navire de Louis XIV englouti au large de Toulon en juillet 1664.
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Si les scientifiques et historiens de marine sont impatients à l’idée d’expliquer les raisons de tel ou tel naufrage, ils tiennent à rappeler que l’enjeu d’un robot des abysses comme Ocean One K n’est pas qu’historique mais aussi humain. Il aurait pu y avoir dans le Protée, dit Michel L’Hour, des témoignages écrits de membres d’équipage qui ont survécu au naufrage dans un caisson étanche : « Certains auraient pu envisager, dans le temps de vie qu’il leur restait, de laisser un message à la postérité et à leur famille. » C’était le grand espoir de Christian Le Cléach, né l’année où son père, Eugène, quartier-maître de 25 ans, fut porté disparu avec tout l’équipage de 74 hommes du Protée.
Ocean One K. Le robot des abysses, de Mathieu Pradinaud pour Gedeon Programmes (Fr., 2022, 90 min).