De l’Indonésie au Maroc, des Philippines au Pérou, du Népal et de Madagascar jusqu’en France, un drapeau est aujourd’hui brandi par des jeunes manifestants du monde entier qui réclament plus de justice sociale, économique, fiscale ou politique. Ce drapeau est celui de l’équipage du Vogue Merry, le navire du capitaine Luffy et héros de One Piece, le manga le plus vendu de l’histoire.

La série [du mangaka japonais] Eiichiro Oda, lancée en 1997, est toujours en cours : elle présente la formation et les aventures d’un groupe de pirates qui sillonnent les océans en quête d’un mystérieux trésor, le « One Piece ». Dans chaque île et pays où il aborde, l’équipage de Luffy lutte avec ses armes – la solidarité, la ruse mais aussi des superpouvoirs – dans la défense des opprimés, contre les injustices et la violence d’autorités corrompues, affrontant un gouvernement mondial qui le poursuit sans relâche.

One Piece est truffé de références aux noms et à l’univers de la piraterie historique des XVIIe et XVIIIe siècles. Le Vogue Merry arbore ainsi le « Jolly Roger », un drapeau pirate sur fond noir, avec deux tibias surmontés au premier plan d’un crâne hilare qui porte un chapeau de paille avec un ruban rouge. C’est ce drapeau que la génération Z, née à peu près au même moment que One Piece, a décidé de porter haut pour défier les autorités.

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L’usage du Jolly Roger comme symbole de résistance fait converger une référence culturelle générationnelle – le manga au succès planétaire – et une référence historique qui alimente depuis plus de trois siècles les imaginaires. On pense que le drapeau des pirates est né dans les Caraïbes, parmi ces « frères de la côte » qui écumaient l’Atlantique, les côtes américaines du Pacifique et l’océan Indien.

A l’heure des empires et des grandes compagnies maritimes des Etats européens, le pavillon noir devient le symbole d’un refus des hiérarchies et des règles imposées. A la différence des corsaires, les pirates n’agissent pour le compte d’aucune puissance politique : ils attaquent tous les navires marchands, sans distinction de nation, et deviennent en retour les « ennemis du genre humain ».

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