Le metteur en scène franco-libanais Pierre Audi, directeur du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, est mort à l’âge de 67 ans, a-t-on appris, samedi 3 mai, auprès de l’institution et du ministère de la culture.
« C’est avec une immense tristesse que l’équipe du Festival d’Aix-en-Provence vient d’apprendre le décès brutal de Pierre Audi, survenu dans la nuit d[u] vendredi 2 [au] samedi 3 mai à Pékin. Le monde de la création artistique perd un immense artiste et directeur d’institution », a annoncé l’équipe du Festival dans un communiqué. « Pierre Audi avait [consacr]é sa vie à la création artistique » et « a profondément renouvelé le langage de l’opéra », écrit, quant à elle, la ministre de la culture, Rachida Dati, sur X.
En 2019, ce natif de Beyrouth avait pris la direction générale du Festival d’Aix-en-Provence, un des plus grands rendez-vous internationaux de l’art lyrique, et avait été reconduit à sa tête fin 2021 pour un mandat qui courait jusqu’en 2027. Au début des années 1980, ce grand adepte de l’opéra hors les murs s’était fait connaître en fondant le Théâtre Almeida dans un bâtiment désaffecté de Londres, transformé en lieu d’innovation artistique.
Un parcours artistique exceptionnel
« Lorsque j’ai pensé l’Almeida Theatre, ouvert en 1980, c’était en réaction contre un certain type de théâtre anglais », expliquait-il en 2022 dans un entretien publié sur le site du Festival d’Aix. Il devient ensuite directeur artistique de l’Opéra national d’Amsterdam, où il crée la plupart de ses mises en scène, travaillant avec des plasticiens comme Georg Baselitz ou Anish Kapoor. Il restera à ce poste près de trente ans.
En 2015, il met le cap sur New York en devenant directeur artistique du Park Avenue Armory, lieu pluridisciplinaire de près de 5 000 mètres carrés qui accueille des installations, comme celle de Christian Boltanski en 2010, et des mises en scène monumentales d’Ivo van Hove ou d’Ariane Mnouchkine. « Il aurait été impossible de (les) montrer dans une salle conventionnelle », expliquait-il en 2022.
Lui-même avait mis en scène la création de L’Apocalypse arabe, de Samir Odeh-Tamimi, au Festival d’Aix en 2021, et devait monter Tosca de Puccini à l’Opéra de Paris à la fin de l’année.
« Il croyait profondément en l’avenir de l’art lyrique (et du théâtre musical), art plus que tout autre apte, selon lui, à surmonter toutes les crises », ajoutent les organisateurs du Festival d’Aix.