Les coupes budgétaires se poursuivent aux Etats-Unis. L’administration Trump a annoncé, mercredi 26 février, tailler massivement dans l’aide internationale américaine, notamment par la suppression de 92 % des financements de programmes à l’étranger par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid), se targuant de « faire économiser près de 60 milliards de dollars [57,3 milliards d’euros] aux contribuables ».
Le président Donald Trump a signé un décret le 20 janvier, dès son retour à la Maison Blanche, ordonnant un gel de l’aide étrangère américaine pour 90 jours, le temps d’un réexamen complet afin d’évaluer sa conformité avec la politique qu’il entend mener, notamment contre les programmes favorisant l’avortement, le planning familial ou encore prônant la diversité et l’inclusion. Mais un juge fédéral, saisi par deux organisations regroupant des entreprises, ONG, et autres bénéficiaires des fonds d’aides américains, a suspendu cette décision de geler des dépenses approuvées par le Congrès.
Dans le cadre de cette procédure, à la suite d’un examen de ces programmes réalisé par ses services, le secrétaire d’Etat Marco Rubio, dont dépend l’Usaid promise au démantèlement, a décidé de supprimer définitivement près de 5 800 des financements accordés dans le monde par l’agence, d’un coût restant de 54 milliards de dollars, n’en conservant qu’un peu plus de 500, selon le département d’Etat. En outre, sur plus de 9 100 subventions accordées par le département d’Etat, d’un montant total de 15,9 milliards de dollars, 4 100 – d’un coût estimé de 4,4 milliards – ont été annulées, a précisé un porte-parole de la diplomatie américaine.
Subventions « vitales » maintenues
L’Usaid maintient des subventions « vitales » comme l’assistance alimentaire et des traitements pour les malades du sida, de la tuberculose et du paludisme, ainsi que pour des pays comme le Liban, Haïti, le Venezuela et Cuba, assure le département d’Etat.
« Le département d’Etat a supprimé aujourd’hui, avec effet immédiat, 10 000 de ses propres financements et de l’Usaid, amputant de fait l’aide étrangère américaine », a déploré dans un communiqué InterAction, une alliance de plus de 160 ONG. « Des femmes et des enfants vont souffrir de la faim, la nourriture va pourrir dans des entrepôts, des enfants vont naître avec le VIH, entre autres tragédies », a-t-elle ajouté, exhortant M. Rubio à revenir sur une décision qui « ne rendra pas l’Amérique plus sûre, plus forte, ni plus prospère ».
La justice a également ordonné au département d’Etat de reprendre d’ici mercredi à 23 h 59 (jeudi 5 h 59, heure de Paris) les versements, d’un montant estimé à 1,5 à 2 milliards de dollars, dus à des centaines d’organisations d’aide internationale. Mais la Cour suprême à majorité conservatrice, saisie par l’administration Trump, a suspendu cette décision le temps qu’elle statue sur le fond.
Licenciements et congés administratifs
L’Usaid, dont les effectifs dépassaient le nombre de 10 000, a annoncé le 23 février le licenciement de 1 600 de ses employés aux Etats-Unis et le placement de la majorité de son personnel en congé administratif.
Le gel de l’aide par Donald Trump a suscité choc et émoi au sein de l’agence indépendante créée par une loi du Congrès américain en 1961, et qui gère un budget annuel de 42,8 milliards de dollars, représentant à lui seul 42 % de l’aide humanitaire déboursée dans le monde.
Le Monde Mémorable
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Le républicain avait promis pendant sa campagne de réduire le poids de l’Etat fédéral et de tailler dans les dépenses, avant de nommer son allié multimilliardaire Elon Musk pour chapeauter une commission à l’efficacité gouvernementale (DOGE). Le patron de Tesla et SpaceX a lancé une vaste offensive destinée à réduire drastiquement les dépenses publiques, avec des méthodes décriées notamment par l’opposition démocrate et les syndicats, qui les jugent brutales et arbitraires.