LOIC VENANCE / AFP
Darmanin (ici en août 2023) ordonne l’interdiction systématique des manifestations propalestiennes et l’interpellation des participants
POLITIQUE – « Susceptibles de générer des troubles à l’ordre public. » Gérald Darmanin demande l’interdiction de toutes les manifestations pro-Palestine en France dans un télégramme envoyé à l’ensemble des préfets du territoire, ce jeudi 12 octobre. Ceci alors que deux rassemblements, qui devaient avoir lieu à Paris en soutien à la Palestine dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas, ravivée par les attaques terroristes du 7 octobre, avaient déjà été interdits par la préfecture de police.
« Les manifestations pro-palestiniennes, parce qu’elles sont susceptibles de générer des troubles à l’ordre public, doivent être interdites », écrit ainsi le ministre de l’Intérieur en réclamant des interpellations pour les éventuels « organisateurs » et les « fauteurs de troubles. »

Dans ce même message, qu’ont pu consulter l’AFP et Le Monde, Gérald Darmanin rappelle également l’impératif d’assurer « une protection systématique et visible de l’ensemble des lieux fréquentés par les Français de confession juive », laquelle doit prendre la forme de « points fixes au moment du culte s’agissant des synagogues ou en entrée et sortie s’agissant des écoles. »
Pas d’« atteinte grave » à la liberté de manifester, selon la justice
Dans le même temps, le tribunal administratif de Paris a confirmé l’interdiction de la manifestation en soutien au peuple palestinien prévue dans la soirée place de la République. Saisi en urgence par plusieurs associations, le juge des référés a estimé que « le préfet de police, en interdisant la manifestation en litige », avant même les consignes de Beauvau, « n’a pas porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés d’expression, de réunion et de manifestation ».
Quelques jours après l’offensive du Hamas sur Israël, le tribunal a invoqué un contexte d’une « extrême violence » et des « risques avérés de l’exportation de cette violence (…) sur le sol national » au regard, notamment, du « regain d’actes antisémites » depuis cette attaque. Selon Gérald Darmanin, plus d’une centaine ont été recensés depuis samedi.

« Nous n’allons pas lâcher », a réagi Bertrand Heilbronn, le président de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité) auprès de l’AFP après la confirmation de l’interdiction, en expliquant que « ces manifestations donnent un débouché politique à une colère qui veut s’exprimer, il est important que l’on puisse porter cette voix ».
Les préfectures de plusieurs villes de France ont interdit des rassemblements en soutien au peuple palestinien, mais certains se sont tenus malgré les interdictions, comme mercredi soir à Nantes, Nîmes et Bordeaux, sans heurts. Gérald Darmanin souhaite désormais des interpellations, au moins pour les organisateurs de ces rassemblements interdits.
Une décision qui ulcère une partie de la classe politique. Nombreux sont les députés, insoumis entre autres, à réagir sur les réseaux sociaux, à l’image de Damien Maudet. « Soutenir les Israéliens suite à cet abominable crime, c’est une évidence. Il nous faut aussi dénoncer la vengeance de Netanyahu, qui risque de tuer des milliers de civils », écrit l’élu de Haute-Vienne, avant d’ajouter : « La France doit urgemment agir pour une désescalade. Pas faire taire ceux qui la demandent. »

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