BERTRAND GUAY / AFP
Éric Ciotti à l’Assemblée nationale le 20 mars.
POLITIQUE – Éric Ciotti en est resté scotché à son siège. Le député des Alpes-Maritimes ne digère pas l’annonce d’Air France de mettre un terme aux liaisons entre l’aéroport d’Orly, près de Paris, et celui de Nice. Une décision officialisée ce mercredi 18 octobre par la compagnie qui évoque une « chute structurelle de la demande ».
L’élu niçois, également président du parti Les Républicains, a appris la nouvelle mardi dans la soirée par la présidente de la compagnie aérienne Anne-Marie Couderc. « Cette décision sans aucune concertation est honteuse et scandaleuse. Je m’y opposerai de toutes mes forces », écrit-il sur X (anciennement Twitter), indiquant avoir « saisi la Première ministre » sur cette annonce qui « méprise les territoires ».

Auprès de Nice-Matin, il poursuit : « Si Air France ne veut plus desservir Nice, elle peut rendre ses créneaux à d’autres compagnies qui assureront un meilleur service que celui qui sera proposé », tance le député, pour qui « pour le moment, la ligne aérienne n’est pas potentiellement concurrencée par le ferroviaire chez nous. »
Air France va quitter en 2026 l’aéroport d’Orly et regrouper ses opérations à Paris-Charles-de-Gaulle, à l’exception des liaisons vers la Corse. Six lignes à partir d’Orly seront supprimées, trois vers l’Outremer (Pointe-à-Pitre, Fort-de-France et Saint-Denis de La Réunion) et trois autres dans l’hexagone (Toulouse, Marseille et Nice). La « low-cost » du groupe aérien français, Transavia, prendra le relais vers ces trois dernières depuis le même aéroport, a précisé Air France dans un communiqué.
Transavia deviendra ainsi « l’opérateur de référence du Groupe Air France au départ de l’aéroport de Paris-Orly. Transavia poursuivra sa trajectoire de développement, notamment grâce à la montée en puissance de sa nouvelle flotte composée d’Airbus de la famille A320neo », a détaillé le groupe. Air France-KLM a commandé fin 2021 pas moins de 100 Airbus A320 et A321neo, afin notamment de faire croître la flotte de Transavia France, équipée jusqu’ici de Boeing 737 NG dont elle exploite 71 exemplaires.

Le trafic sur les liaisons courtes en baisse
Si la demande de voyages pour loisirs et raisons familiales a explosé depuis la crise sanitaire, bénéficiant aux low-cost dans toute l’Europe, les compagnies traditionnelles ont davantage peiné à retrouver leur fréquentation, en particulier sur les liaisons courtes et les voyages pour raisons professionnelles. « Le développement de la visioconférence, la réduction des déplacements professionnels sur le domestique et le report vers le train (…) conduisent à une chute structurelle de la demande sur le réseau domestique point à point d’Air France », a justifié la compagnie, qui avait déjà récemment réduit son nombre de rotations quotidiennes entre Orly et Marseille.
« Entre 2019 et 2023, la baisse du trafic sur les liaisons domestiques au départ d’Orly est de -40 %, et même de -60 % pour les allers-retours journée », a révélé la compagnie, attribuant cette désaffection à « l’effet conjugué des recommandations de sobriété et des politiques RSE (responsabilité sociale et environnementale, NDLR) des entreprises ».
Ces chiffres sont cohérents avec ceux du gestionnaire des aéroports parisiens, le Groupe ADP, qui lors des neuf premiers mois de l’année sur les liaisons intérieures, n’a retrouvé que 75,7 % du nombre de passagers de la période correspondante de 2019. De son côté, Orly évolue légèrement au-dessus des niveaux d’avant-crise, à 100,3 % des passagers de 2019 depuis début 2023.

Air France, dont les lignes intérieures sont globalement déficitaires bien que le groupe Air France-KLM ait renoué dès 2022 avec les bénéfices après la crise sanitaire, veut ainsi capitaliser sur sa plateforme de Paris-Charles-de-Gaulle pour des correspondances entre ses réseaux international et français.
Exception à ce mouvement, les liaisons vers la Corse, « conformément au cahier des charges de la Délégation de service public (DSP) : les liaisons Air France de/vers la Corse resteraient assurées depuis Paris-Orly », a expliqué la compagnie, candidate avec Air Corsica au renouvellement de ce dispositif à partir de 2024.
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