POLITIQUE – Les rires de trop ? Plusieurs élus issus de la gauche se sont émus, ce samedi 21 octobre, de la réaction amusée voire franchement hilare de membres du gouvernement et de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet au moment de l’intervention, la veille, du député GDR de Polynésie française, Tematai Le Gayic.
Dans une séance consacrée le 20 octobre au vote des motions de censure déposée en réaction au 49.3 sur le premier volet du budget 2024, l’élu âgé de seulement 23 ans, est revenu sur l’histoire et l’usage de ces outils constitutionnels. « Vous êtes dans votre droit d’utiliser le 49.3 et le Parlement est dans son droit d’utiliser la motion de censure », déclare-t-il, invoquant Michel Debré. Néanmoins, poursuit-il, « c’est assez cocasse. Parce que vous n’avez pas la majorité pour faire passer un texte donc vous êtes obligés d’utiliser le 49.3 (…) mais on n’arrive pas non plus à avoir une majorité sur une motion de censure. Personne n’arrive à avoir de majorité », a lancé le député polynésien, orateur du groupe communiste.
À ce moment de son intervention, des rires s’entendent dans l’hémicycle, y compris sur le banc des ministres et de la part de la Première ministre Élisabeth Borne, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article. « Merci beaucoup mon cher collègue », le remercie, à la fin de son intervention Yaël Braun-Pivet, avec un large sourire.
Sandrine Rousseau dénonce un « mépris de classe »
Son intervention, conclue sur l’espoir « qu’un jour dans cette mandature, on puisse voter une loi de finance dans ce Parlement », a été saluée par ses pairs parmi lesquels le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.
En revanche, les réactions des membres de la majorité à son discours ont provoqué ce samedi l’agacement d’élus de gauche. « Ce petit rire ostentatoire accompagnant le ’merci beaucoup, mon cher collègue’ à la fin de cette vidéo me dégoûte. Je ne sais pas le dire autrement. Il porte en lui une connivence avec des siècles de condescendance, de paternalisme, de mépris et de domination », s’offusque l’eurodéputé écologiste David Cormand, quand le cadre de La France Insoumise Manuel Bompard y voit « mépris et arrogance », « la marque de fabrique de la petite caste politique qui dirige la France ».

« Il est constant ce mépris de classe à l’Assemblée. Si on parvenait à le montrer davantage, on comprendrait bien mieux le ressort du macronisme », abonde la députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau.
Réagissant à la publication de Sandrine Rousseau, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du SNU Prisca Thévenot a réfuté les accusations. « Il n’y a aucun mépris de classe. Simplement des sourires soulagés car enfin nous avons entendu un propos clair, franc et sans polémique après 1h de propos théâtralisés », répond-elle sur X (ex-Twitter), avant de tacler : « Mais ça vous ne pouvez pas le savoir car vous n’étiez pas là dans l’hémicycle ! ».
C’est en effet dans une Assemblée nationale aux trois quarts vide que Rassemblement national et France Insoumise ont défendu leurs motions de censure. Les deux textes ont sans surprise été rejetés dans la soirée.
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