Le ministre de l’économie, Roland Lescure, a fait savoir lundi 3 novembre qu’il demanderait l’interdiction d’accès de Shein en France s’il vendait à nouveau des poupées sexuelles à caractère pédopornographique, que le grand groupe asiatique spécialiste de l’e-commerce a assuré avoir retirées de sa plateforme de vente.
« Si ces comportements sont répétés, nous serons en droit, et je le demanderai, qu’on interdise l’accès de la plateforme Shein au marché français », a déclaré Roland Lescure sur BFM-TV et RMC. « Pour des actes terroristes, pour le trafic de stupéfiants et pour des objets pédopornographiques, le gouvernement est en droit de demander l’interdiction de l’accès au marché français », « si on a des comportements répétés ou si les objets en question ne sont pas retirés dans les vingt-quatre heures », a-t-il précisé. « Ces objets horribles, ils sont illégaux » et « il y aura une enquête judiciaire », a-t-il affirmé.
En milieu d’après-midi, la mission d’information sur les contrôles des produits importés en France dans le cadre des politiques de réciprocité, dont Antoine Vermorel-Marques est le rapporteur, a pour sa part décidé de convoquer Shein devant les députés, sous quinze jours, a fait savoir ce dernier dans un communiqué.
Cette audition s’inscrit dans le cadre des travaux de la mission d’information « qui vise à garantir que les produits importés et vendus en France respectent pleinement les normes sanitaires, environnementales, sociales et éthiques ». Aussi, « elle doit permettre d’obtenir des réponses précises sur la transparence des chaînes d’approvisionnement de Shein, ses procédures de contrôle interne et les mesures correctrices mises en œuvre à la suite de cet incident particulièrement grave ».
« C’est de la provoc »
La répression des fraudes (DGCCRF) a quant à elle annoncé samedi avoir signalé à la justice la vente de « poupées sexuelles d’apparence enfantine » après avoir constaté leur présence sur le site de Shein, qui a prévu d’ouvrir mercredi son premier magasin physique pérenne à Paris. « Je suis passé rue de Rivoli ce week-end, et j’ai vu les oriflammes de Shein tout au long de la devanture » : « C’est de la provoc », a jugé Roland Lescure.
Dimanche, la haut-commissaire à l’enfance, Sarah El Haïry avait annoncé son intention de convoquer « l’ensemble des grandes plateformes » de commerce électronique après la découverte de la vente de ces poupées sur Shein.
« Je veux comprendre qui a autorisé la vente de ces objets, quels sont les processus qui ont été mis en place, pour que cela ne se reproduise pas, [et] qui sont les fournisseurs, parce qu’il y a bien des gens qui produisent ces poupées absolument ignobles », a-t-elle dit. « Une plateforme qui accepte de commercialiser ces objets est, d’une certaine manière, complice », selon elle.
Elle a évoqué la possibilité d’une « discussion » avec Shein pour obtenir la communication des fichiers des acheteurs de ces poupées en France. « Ce ne sont pas des objets pornographiques, ce sont des objets pédocriminels », a-t-elle spécifié, soulignant que détenir des objets et images pédocriminels « tombe sous le coup de la loi ».
« Au-delà de Shein », d’autres plateformes « usent d’entourloupes » pour éviter les poursuites, en ne mettant « pas les descriptions des objets » qu’elles vendent, a assuré Mme El Haïry. « Ils vont mettre l’image, la photo », mais « ils ne mettent pas dans les mots-clés que c’est une poupée sexuelle ». « Ils essaient de nous faire perdre du temps » et « mettent en danger les enfants », a-t-elle estimé.

