En une dizaine de jours de « consultations », Emmanuel Macron est parvenu à rendre illisible le processus de sélection du prochain premier ministre. Les noms valsent et les berlines défilent dans la cour de l’Elysée depuis le 23 août, amplifiant la confusion. Quel profil le président de la République recherche-t-il pour Matignon ? Un premier ministre de gauche ou de droite ? Politique ou technique ?
L’imbroglio a frisé le vaudeville, lundi 2 septembre, lorsque a surgi le nom de Thierry Beaudet, inconnu du grand public, alors que Bernard Cazeneuve sortait du bureau du chef de l’Etat. Un profil « technique » n’est donc plus exclu.
Avant d’appeler Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Emmanuel Macron a toutefois tenté sa chance auprès de l’ancien patron de la CFDT, Laurent Berger. Contacté mardi par le président de la République, l’ancien leader syndical, désormais « en recul de la vie publique », a décliné la proposition.
Emmanuel Macron n’est entré en contact que vendredi avec Thierry Beaudet, proche de Laurent Berger et de la CFDT. Les deux hommes ont échangé à plusieurs reprises durant le week-end, selon Le Nouvel Obs. L’hypothèse Beaudet laisse cependant dubitatifs jusqu’aux soutiens du chef de l’Etat.
Cet instituteur de formation de 62 ans, qui a consacré une large partie de sa carrière au secteur mutualiste – il a présidé la MGEN de 2009 à 2016, puis la Fédération nationale de la mutualité française de 2016 à 2021 –, ne paraît guère armé pour faire face au « chaudron » du Palais-Bourbon, désormais divisé en trois blocs, juge-t-on au centre et à gauche.
« Le pouvoir de nomination », dernière carte du chef de l’Etat
Sans expérience ministérielle, ni troupes pour le soutenir, Thierry Beaudet « saurait-il diriger un gouvernement ? Nouer la confiance avec les groupes politiques à l’Assemblée nationale ? », s’interroge un ancien conseiller d’Emmanuel Macron. « Entre parler aux patrons et aux syndicats en tant que président du CESE, et leur parler en tant que premier ministre, il y a une sacrée différence, avertit le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. Je lui souhaite bien du plaisir ! » « C’est un homme de qualité mais (…) il n’a jamais gouverné, jamais travaillé au rassemblement des forces politiques », pointe la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga.
Elu président de la troisième chambre de la République en mai 2021, ce militant mutualiste, de sensibilité de gauche, lecteur de Pierre Mendès-France et adepte du dialogue et du consensus, s’efforce de faire entendre la voix de la société civile à la tête de l’institution. Il a supervisé en 2023 la convention citoyenne sur la fin de vie, « innovation démocratique » imaginée par Emmanuel Macron après la crise des « gilets jaunes ».
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