Le 30 octobre, l’Assemblée nationale a adopté pour la première fois, par 185 voix, contre 184, une résolution proposée par le Rassemblement national (RN). Cette résolution, qui vise à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968, a bénéficié du soutien affirmé du groupe Droite républicaine, du groupe Horizons et d’une partie du groupe Ensemble pour la République. Si la controverse sur l’accord de 1968, régulièrement nourrie par l’ancien ministre de l’intérieur Bruno Retailleau [le président du parti Les Républicains], n’est pas nouvelle, l’adoption d’un texte proposé par les députés du RN l’est bel et bien. Ainsi, comprendre la signification de ce vote implique, d’une part, de revenir au contenu de ces accords et, d’autre part, de replacer la question algérienne dans l’épaisseur du temps.
Quel est, tout d’abord, le sens de l’accord de 1968 ? Il s’agit précisément d’un texte qui vise à réguler l’immigration algérienne en France. En 1962, les accords d’Evian prévoyaient la libre circulation entre la France et l’Algérie, afin de permettre aux pieds-noirs qui le souhaitaient de retourner en Algérie. Or, ces derniers n’y sont pas retournés, et les autorités françaises ont rapidement estimé que, dans ces conditions, l’immigration algérienne risquait de devenir incontrôlable. D’où les accords de 1968, qui disposent, au bénéfice de la France, que seuls 35 000 Algériens par an pourront être accueillis – 25 000 par la suite – et, au bénéfice de l’Algérie, la possibilité de choisir, chaque année, les Algériens qui émigrent vers la France.
Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur ce texte, il n’a du sens que saisi dans le contexte de la France « post-algérienne ». Et une chose est sûre : il vise bien, côté français, à limiter l’immigration algérienne. Il est donc sans rapport avec ce que certains continuent de nommer, en reprenant le lexique nauséabond de l’extrême droite, une « invasion » ou une « déferlante » migratoire. Il s’agit bien de contingenter l’arrivée de travailleurs algériens en France, renforcée ensuite par l’obligation de visas et, plus généralement, par des politiques de l’immigration très restrictives.
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