Ouvrir en grand les portes de l’Europe à un constructeur chinois pour mieux résister à l’arrivée massive des constructeurs… chinois. L’alliance nouée par Stellantis avec Leapmotor peut sembler contre-intuitive. Le deuxième groupe automobile européen a donné, lundi 23 septembre à Milan, le coup d’envoi d’une vaste collaboration qui va permettre à la marque de Hangzhou (dans l’est de la Chine) de commercialiser ses deux premiers modèles électriques sur le Vieux Continent, grâce à l’appui du groupe dirigé par Carlos Tavares, qui assure y trouver son intérêt.
Pratiquement un an après la signature d’un accord qui a vu Stellantis débourser 1,5 milliard d’euros pour devenir actionnaire à hauteur de 21 % de Leapmotor, ce dernier lance la T03, un petit modèle urbain proposé au prix de 19 500 euros (18 900 euros en tarif de lancement), et la C10, un gros SUV proposé à partir de 36 400 euros. La T03, assemblée à partir de composants essentiellement importés de Chine dans l’usine Stellantis de Tychy (Pologne), pourrait néanmoins échapper aux droits de douane supplémentaires imposés par l’Europe aux modèles made in China et prétendre au bonus de 4 000 euros attribués par la France aux véhicules électriques les plus vertueux, le constructeur ayant déposé une demande.
Si le verdict, qui sera connu dans les prochaines semaines, est favorable, la T03, qui dispose d’une autonomie de 265 kilomètres et peut accueillir quatre personnes, sera particulièrement compétitive face à la Dacia Spring (groupe Renault), sa seule véritable rivale, moins évoluée technologiquement et pénalisée par sa production localisée dans l’empire du Milieu (privée de bonus, elle est facturée 18 900 euros bonus). La C10, pour sa part, ne peut profiter d’aucun subventionnement, mais son prix la situe déjà à un niveau tarifaire relativement bien placé.
Réseau de distribution
Commercialisés par Leapmotor International, société destinée à diffuser les voitures du constructeur chinois hors de Chine, dont les actionnaires sont Stellantis (51 %) et Leapmotor (49 %), ces deux modèles nourrissent la première salve d’une offensive qui doit permettre de diffuser 500 000 véhicules par an en 2030 (dont 400 000 en Europe) en lançant « au moins une nouveauté par an d’ici 2027 ». Un réseau de distribution a été mis en place en s’appuyant sur les marques du groupe (Peugeot, Citroën, Fiat, Opel…), qui aménageront dans certaines de leurs concessions un espace consacré à Leapmotor, dont le nom joue sur le terme anglais leap, qui signifie « bond ». En France, la marque peut déjà compter sur près de soixante-dix points de vente et devrait en totaliser cent vingt en 2025. L’objectif est de réaliser huit mille immatriculations dans l’Hexagone en 2025, le double en 2026, puis trente mille.
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