L’athlète italienne malvoyante Valentina Petrillo, 50 ans, s’est élancée sur 400 mètres ce lundi au Stade de France.
Née dans un corps d’homme, cette ingénieure de profession a effectué sa transition de genre en 2023.
Son objectif ? « Être une référence, une source d’inspiration » pour ceux qui sont « déficients visuels ou non, trans ou non ».
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Jeux olympiques et paralympiques
Elle réalise un rêve d’enfant à 50 ans. La sprinteuse italienne Valentina Petrillo est devenue ce lundi la première athlète ouvertement transgenre à participer aux Jeux paralympiques lors des épreuves de Paris 2024, en lice sur 400 mètres au Stade de France dans la catégorie T12 pour les athlètes malvoyants.
Depuis qu’elle a manqué « d’un souffle » sa qualification pour les Jeux paralympiques de Tokyo en 2021, après un premier échec en 1996 à Atlanta, l’athlète qui souffre depuis l’adolescence de la maladie de Stargardt, une dégénérescence maculaire génétique synonyme de perte progressive de la vision, « ne pensait plus qu’à Paris« , expliquait-elle cet été à l’AFP.
Quand j’étais un homme, je n’étais pas moi-même
Quand j’étais un homme, je n’étais pas moi-même
Valentina Petrillo
Né dans un corps d’homme, marié, Valentina Petrillo a commencé à vivre sa vie de femme il y a sept ans, avant de débuter sa transition et de devenir en 2023 une femme aux yeux de l’administration italienne. « Quand j’étais un homme, je n’étais pas moi-même« , soulignait-elle. « Je courais toujours avec le frein à main, je n’étais pas une personne heureuse, pas aussi heureuse que je le suis maintenant, même si j’ai quelques années de plus« .
D’un point de vue médico-sportif, un traitement hormonal permet à l’athlète de diviser son taux de testostérone par quatre et de se conformer ainsi, avec un taux de 5 nanomoles par litre de sang, à la réglementation de la Fédération internationale d’athlétisme pour pouvoir participer aux épreuves féminines de para-athlétisme.
Avant de débarquer à Paris avec la délégation paralympique italienne, Valentina Petrillo avait conscience que son parcours risquait de lui valoir critiques, menaces ou cyberharcèlement comme l’ont vécu durant les JO-2024 les boxeuses algérienne Imane Khelif et taïwanaise Lin Yu-ting qui se sont retrouvées au coeur d’une controverse sur le genre.
« Je sais que je vais être critiquée, que certains ne vont pas comprendre pour quoi je fais ça, mais je suis là, je me suis battue pendant des années pour en arriver là et je n’ai pas peur, je suis moi« , martelait celle qui se voit comme un symbole, pas seulement dans une Italie où le gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni dénonce « l’idéologie du genre » et le « lobby LGBT« .
« Je dis souvent que si je l’ai fait, d’autres peuvent le faire. J’espère être la première de beaucoup d’autres, j’espère être une référence, une source d’inspiration (…) Mon histoire peut être utile à beaucoup d’autres, déficients visuels ou non, trans ou non« , assure-t-elle.