- Israël a mené, la nuit dernière, et poursuivi ce vendredi des frappes d’une ampleur sans précédente contre des sites militaires et nucléaires en Iran.
- L’État hébreu a également tué de hauts responsables de la République islamique.
- En réponse, Téhéran a lancé une vague de missiles balistiques dans la soirée vendredi.
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Israël frappe massivement l’Iran, Téhéran riposte
La tension ne semble pas retomber. Israël a mené, dans la nuit de jeudi 12 à vendredi 13 juin, des frappes d’une ampleur inédite contre l’Iran. Des opérations qui se sont poursuivies tout au long de la journée, alors que l’État hébreu a tué de hauts responsables de la République islamique. Dans la soirée, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a souligné que l’opération, « une des plus grandes opérations militaires de l’histoire »
, durerait « de nombreux jours »
.
De son côté, l’Iran a riposté vendredi soir, lançant des vagues de missiles balistiques en direction d’Israël, déclenchant les sirènes d’alerte dans tout le pays et provoquant plusieurs blessés. Dans une allocution à la télévision, le guide suprême Ali Khamenei a accusé la direction de l’État hébreu d’avoir « lancé une guerre »
. On fait le point sur la situation après le lancement de l’opération « Lion dressé », qualifiée de « déclaration de guerre »
par l’Iran.
Le nucléaire iranien et de hauts responsables visés
Les frappes de l’armée israélienne ont visé plus de 200 sites militaires et nucléaires en Iran depuis la nuit de jeudi à vendredi. Les forces de l’État hébreu ont annoncé que les opérations menées avaient « démantelé »
une usine d’enrichissement d’uranium à Ispahan. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a aussi confirmé que l’important site d’enrichissement d’uranium de Natanz avait été visé et que la partie en surface de l’usine était « détruite »
. L’agence a toutefois souligné que le niveau de radiation n’avait pas augmenté dans la zone. Par ailleurs, les dégâts sur d’autres installations comme le site de Fordo, au sud de Téhéran, sont mineurs, a indiqué l’organisation iranienne du nucléaire (OIEA).
Le bilan humain, lui, semble lourd. Selon l’ambassadeur iranien à l’ONU, 78 personnes ont été tuées dans les frappes et plus de 320 blessées, dont une « large majorité de civils »
. « Nous condamnons fermement et sans équivoque ces attaques barbares et criminelles. Une série d’assassinats ciblés contre des hauts responsables militaires, des scientifiques nucléaires et des civils innocents. Jusqu’à maintenant, 78 personnes, dont des hauts responsables militaires, sont devenues des martyrs et plus de 320 autres ont été blessées, une large majorité étant des civils, dont des femmes et des enfants »,
a déclaré vendredi soir Amir Saeid Iravani lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité.
Israël a confirmé avoir éliminé la plupart des dirigeants de la force aérospatiale des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique. Par ailleurs, au moins deux dirigeants des Gardiens ont été tués, dont leur chef, le général Hossein Salami, et le général Gholam Ali Rachid, selon les médias locaux. Le chef d’état-major iranien, le général Mohammed Bagheri, a également péri, selon la télévision d’État tout comme au moins six experts scientifiques nucléaires, selon l’agence de presse Tasnim news.
Deux vagues de missiles pour la riposte iranienne
En réponse, l’Iran a lancé vendredi en fin de journée plusieurs salves de missiles balistiques. Les sirènes d’alerte ont retenti à travers tout Israël, tandis que des volutes de fumée s’élevaient au-dessus de Tel-Aviv, peu après un appel lancé à la population à rejoindre les abris. Une alerte abaissée plus tard dans la soirée. Au moins deux vagues de dizaines de missiles balistiques iraniens ont visé Israël, a annoncé l’armée israélienne, tandis que l’Iran a affirmé viser « des dizaines de cibles »
, « de bases et d’infrastructures militaires »
en Israël.
Les secours israéliens, eux, ont indiqué avoir pris en charge 34 blessés dans le centre d’Israël, dont une sexagénaire dans un état critique. «
À la suite de frappes de roquettes dans la région »
du Grand Tel-Aviv, les secouristes ont « fourni des soins médicaux vitaux et évacué 34 blessés vers les hôpitaux »,
a indiqué le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, dans un communiqué. Parmi eux, figurent une femme de 60 ans dans un état critique, et un homme d’environ 65 ans souffrant de blessures graves.
Le ministre de la Défense, Israel Katz, a accusé l’Iran d’avoir franchi des « lignes rouges »
en tirant des missiles sur des centres urbains. L’armée a annoncé le déploiement de réservistes « sur tous les fronts à travers le pays »
. Le guide suprême iranien a, lui, menacé Israël d’un sort « douloureux »
, et le président, Massoud Pezeshkian, a déclaré que son pays ferait « regretter »
à Israël son attaque. Le nouveau chef des Gardiens de la Révolution, Mohammad Pakpour, a de son côté promis « les portes de l’enfer »
à Israël. Dans ce cadre, Téhéran a indiqué que son espace aérien resterait fermé jusqu’à samedi.
Quelles réactions ?
Alors que les appels à la désescalade se multiplient à travers le monde, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni vendredi soir à la demande de l’Iran. Le chef de l’ONU Antonio Guterres a lancé un appel à la « retenue maximale »
, tout comme la cheffe de la diplomatie de l’UE. L’Otan a souhaité « une désescalade »
, et Londres comme Paris ont appelé les parties « à la retenue »
. Pékin s’est dit « préoccupé »
tandis que Moscou a dénoncé des frappes israéliennes « inacceptables »
et « non provoquées ».
Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a déclaré à son homologue italien Antonio Tajani que l’Iran attendait « en particulier de l’Union européenne qu’elle condamne cette attaque criminelle ».
Mais le président français Emmanuel Macron a fait valoir « le droit d’Israël à se protéger et à assurer sa sécurité »,
l’Iran s’étant trouvé « proche d’un stade critique »
qui permet « de produire des engins nucléaires »
. La Turquie a exhorté Israël à cesser ses « actions agressives »
et l’Arabie saoudite, poids lourd régional, a dénoncé des « violations flagrantes »
du droit international.
Cette nouvelle escalade intervient alors qu’Israël considère le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle. Les Occidentaux et l’État hébreu accusent l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique, ce que Téhéran dément, assurant que son programme nucléaire est uniquement à usage civil. Israël avait appelé jeudi la communauté internationale à « une réponse décisive »
après l’adoption par l’AIEA d’une résolution condamnant Téhéran pour non-respect de ses obligations nucléaires. Israël dénonçait « une menace imminente pour la sécurité et la stabilité régionale et internationale ».
Un sixième cycle de négociations sur le nucléaire entre l’Iran et les États-Unis est en principe prévu dimanche à Mascate sous médiation omanaise. Sa tenue paraît désormais compromise.