Des habitants de Seine-Saint-Denis sont invités à réaliser une prise de sang pour écarter tout risque de saturnisme.
Cette maladie grave peut avoir des conséquences sur le développement psychomoteur de l’enfant.
Cause, symptômes, traitement… Voici ce qu’il faut savoir.

C’est une alerte qui concerne régulièrement des écoles, mais parfois aussi des jardins publics. À quelques jours d’intervalle, deux aires de jeux pour enfants de Seine-Saint-Denis ont été fermées pour la même raison, révèle Le Parisien : une concentration anormalement élevée de plomb dans le sol. À Aubervilliers comme à Saint-Denis, les deux communes concernées, la découverte a eu lieu lors d’une campagne d’analyses réalisée en complément de précédents relevés effectués dans le secteur, notamment dans des écoles et crèches, ayant corroboré la présence trop élevée de plomb et conduit à pousser plus loin les investigations.

Pour ce qui concerne le quartier Franc-Moisin à Saint-Denis, où ont été observées « des concentrations en plomb plus élevées qu’attendu », la ville recommande aux parents qui fréquentent le square de l’Enfance de faire réaliser une prise de sang aux enfants de moins de 7 ans. Les femmes enceintes sont également concernées. Objectif : écarter tout risque de saturnisme. 

De quoi parle-t-on ?

Le saturnisme résulte d’une intoxication aiguë ou chronique par le plomb. Il s’agit d’une maladie grave qui peut avoir des conséquences sur le développement de l’enfant. Si son incidence a fortement diminué ces vingt dernières années, elle demeure un enjeu de santé publique important. À titre de repère, à l’échelle nationale, en 1995, plus d’un quart des enfants de 1 à 6 ans présentaient un taux de plomb dans le sang supérieur à 50 µg/litre, tandis que ce taux se situe aujourd’hui à 2% pour tous les enfants, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm ). Mais l’Ile-de-France est particulièrement concernée. De 2015 à 2018, entre 145 et 221 cas de saturnisme infantile ont ainsi été déclarés par an dans la région francilienne, soit 49% de l’ensemble des cas enregistrés en métropole, peut-on lire sur le site de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France .

Or, l’absorption de plomb sur une longue période, même à faibles doses, peut entraîner chez les jeunes enfants des retards irréversibles tels que des troubles du langage, du comportement, de l’apprentissage, du développement psychomoteur, de la croissance et de l’acuité auditive, liste le site d’Ameli , soulignant qu’il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire jusqu’à 18 ans. Plus en détails, « une plombémie de 12μg/litre est associée à la perte d’un point de QI, et de nombreuses études épidémiologiques ont montré une association entre la concentration de plomb dans le sang et les performances à l’âge scolaire », selon l’Inserm.

Comment contracte-t-on cette maladie ?

Chez les enfants, plus susceptibles d’ingérer de la terre contaminée en jouant au sol et en portant ensuite leurs doigts à la bouche, l’ingestion est l’une des principales sources de contamination au plomb, selon l’Assurance-maladie. « Le plomb absorbé est stocké dans l’organisme (90% du plomb absorbé est stocké au niveau des os) et peut être relargué dans le sang longtemps après l’exposition au plomb », poursuit l’organisme, qui précise que les effets de l’intoxication au plomb se manifestent souvent plus tard.

« Il ne s’agit pas d’une contamination dans l’air dans tout le quartier », a ainsi souligné au sujet de la fermeture du square de Franc-Moisin, la première adjointe chargée de la Santé, Katy Bontinck, auprès du Parisien , avant d’ajouter : « Il s’agit d’enfants de moins de 7 ans qui fréquenteraient le square fréquemment, avec l’habitude de gratter la terre puis de l’ingérer. »

Comment se manifeste la maladie et comment la soigner ?

« Aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte, les premiers symptômes du saturnisme peuvent passer inaperçus », insiste l’Assurance-maladie, qui liste des symptômes classiques tels que la fatigue, des maux de tête, des maux de ventre, la perte d’appétit, la constipation, les nausées et vomissements, le manque d’attention, la nervosité, les insomnies et la pâleur en rapport avec une anémie.

Si l’intoxication se poursuit, des troubles plus graves peuvent se manifester chez l’enfant, à savoir des troubles psychomoteurs listés plus haut, mais aussi des troubles du sommeil, un ralentissement de la croissance, ou encore un retard de la puberté. Chez la femme enceinte, les risques principaux résident dans des fausses couches, des accouchements prématurés, mais aussi une hypertension artérielle gravidique.

En présence de tels symptômes, le premier traitement consiste à interrompre l’exposition au plomb mais il n’empêche que le plomb stocké dans l’organisme ne sera éliminé qu’au bout de plusieurs années. Aucun traitement médical n’est généralement mis en place, mais le médecin traitant peut proposer de réaliser un suivi de la plombémie à échéance variable selon le degré d’intoxication.


Audrey LE GUELLEC

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