La crise du logement ne s’arrange pas, surtout en cette période de rentrée.
Certains propriétaires sans scrupules en abusent en louant à prix d’or des appartements indignes.
Le JT de TF1 a suivi les agents de la ville de Saint-Denis qui tentent de lutter contre ce fléau.
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LE WE 20H
Une brigade contre l’habitat indigne. À Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), ce vendredi, un agent de la mairie et un autre de la préfecture travaillent main dans la main pour inspecter un appartement. Le logement fait 60 m² pour un loyer de 1023 euros. Officiellement, c’est un trois pièces et c’est bien là le problème. Car la pièce à vivre est en réalité une cave aménagée et désignée par le propriétaire comme une chambre. C’est même écrit sur le contrat de location. « Bras tendu, on est inférieur à 2,20 mètres. C’est une pièce enfouie, c’est une cave, elle ne peut pas être mise en location. Or, elle est louée comme une chambre et c’est là où on a un vrai problème. On a un problème pour la santé et la sécurité des occupants », dénonce l’agent.
Conséquence, les parents et leurs deux enfants dorment tous à l’étage dans une minuscule pièce. « Ma fille, à l’âge de huit ans, elle n’a pas sa chambre. Elle n’a pas le droit d’inviter quelqu’un chez moi », se plaint la locataire. Mais vu la pénurie de logements et sans garant, il lui est impossible dans l’immédiat de trouver un autre appartement. Le propriétaire, lui, ne semble rien vouloir entendre. En Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de l’Hexagone, depuis des années, élus et associations se battent contre les propriétaires véreux qui louent des taudis. À l’image de la pièce de 9 m² dans une arrière-cour, que l’on voit dans le reportage ci-dessus, louée à trois occupants pour 670 euros par mois.
Les problèmes de moisissures et de champignons entraînent des maladies pulmonaires.
Les problèmes de moisissures et de champignons entraînent des maladies pulmonaires.
Jacques, agent de la ville de Saint-Denis
Nouvelle visite des agents de la ville dans un deux pièces déjà contrôlé par le passé et qui pose encore problème. « De l’humidité, des risques électriques, donc on sait ce qu’on va vérifier », indique Jacques, l’agent de la ville. C’est la locataire qui a appelé au secours la mairie. Des premiers travaux ont été réalisés, mais dans la salle de bain, la moisissure gagne du terrain. Jacques va tout consigner. « Le taux est vraiment très élevé, on est vraiment au maximum. Les problèmes de moisissures et de champignons entraînent des maladies pulmonaires. On a eu déjà des locataires qui nous ont saisi avec des rapports du médecin pour démontrer que l’humidité a eu un impact sur leur santé ou la santé de leurs enfants. Et là, ça pourrait être le cas ici », affirme-t-il.
Pour forcer les propriétaires à retaper leurs logements, il faut multiplier les rapports. C’est long, fastidieux et parfois cela arrive trop tard. Comme pour ce logement dans un immeuble tellement vétuste qu’il menace de s’effondrer. Dans le hall d’entrée, les murs ressemblent à du gruyère. La mairie doit donc au plus vite trouver une solution de relogement alors que le plancher du premier étage est attaqué par des insectes qui dévorent à présent le bois et fragilisent encore plus l’édifice. « La cause, c’est un manque d’entretien depuis des années, voire des décennies de cet immeuble. On a un ou plusieurs copropriétaires qui ne payaient pas leurs charges. Donc c’est une copropriété désorganisée qui n’a pas du tout été en mesure d’engager les travaux de réhabilitation nécessaires », explique l’agent de la préfecture.
« Si on regarde les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, en France, il y a 600 000 logements indignes et 1 million de personnes sont concernées, notamment en Seine-Saint-Denis », souligne le reporter de TF1, François-Xavier Ménage qui a rendez-vous avec le préfet, Jacques Witkowski. Ce dernier dit avoir une priorité : lutter contre les marchands de sommeil avec une poursuite en justice enclenchée tous les trois jours et un procureur spécialement chargé du mal logement. Mais pour aboutir, il faut avant tout que les locataires osent porter plainte. « C’est compliqué de dénoncer. Mais on a vu dans d’autres politiques publiques, je pense à la prostitution, je pense aussi aux stupéfiants ou autres, qu’il faut avoir le courage de dénoncer. Et je rappelle que la loi vient de durcir à l’encontre des propriétaires malveillants les sanctions puisque maintenant, on va jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 200.000 euros d’amende », indique-t-il.
Les associations, de leurs côtés, parlent du coût estimé si l’on devait retaper la moitié des logements indignes en France : 13 milliards d’euros sur dix ans.