Marronnier de la protestation syndicale des surveillants pénitentiaires, les activités socioculturelles en détention suscitent régulièrement les sursauts d’indignation de certains de nos responsables politiques. Le 19 février, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a ainsi adressé aux chefs d’établissement une instruction visant à réduire drastiquement le recours aux activités de loisir en détention : il réagissait à des tracts syndicaux dénonçant les activités de détente et de soin proposées par des bénévoles au centre pénitentiaire de Toulouse-Seysses.
Ce texte du garde des sceaux s’ajoute à une instruction qui, en 2022, avait déjà imposé le contrôle strict des activités socioculturelles en détention et la nécessité d’une approbation hiérarchique des chefs d’établissement. La nouvelle directive ajoute une exigence : elle interdit toute activité « ludique ou provocante ». Les motifs de cette décision sont clairs : il s’agit de ne pas heurter l’opinion publique, en particulier les victimes, en organisant des activités qui, selon M. Darmanin, ne relèvent pas du parcours de réinsertion.
Selon la loi, les personnes détenues sont tenues à une obligation légale d’activité en détention, pouvant relever de divers domaines : l’enseignement, la formation professionnelle, le travail, le sport ou encore les activités socioculturelles. Ces dernières, qui relèvent du cadre réglementaire, visent à « développer les moyens d’expression, les connaissances et les aptitudes des personnes détenues » : elles s’inscrivent dans la mission de réinsertion dévolue à l’administration pénitentiaire.
Ces activités adoptent des formes et des contenus extrêmement variés (cours de théâtre, de danse, de couture, revue de presse, yoga, sorties culturelles…) et permettent la mise en place de partenariats avec des acteurs extérieurs. Mais elles accueillent des participants triés sur le volet, au point qu’en pratique les bénéficiaires de ces activités recommandées par les règles pénitentiaires européennes sont peu nombreux, d’autant que les budgets ont connu des coupes importantes.
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