La députée « insoumise » Sophia Chikirou, lors de  l’hommage aux victimes des attaques de Paris, près du café La Bonne Bière, le 13 novembre 2025.

La députée « insoumise » Sophia Chikirou s’est officiellement lancée vendredi 14 novembre dans la course à la mairie de Paris, avec l’ambition de conquérir un électorat populaire délaissé à ses yeux par la majorité socialiste aux commandes de la capitale, avec laquelle elle ne s’alliera pas pour battre la droite de Rachida Dati.

« Le mandat de député est passionnant, mais il y a une énorme frustration de ne pas arriver à répondre aux demandes des gens », a confié à l’Agence France-Presse (AFP) Mme Chikirou, investie par le mouvement de Jean-Luc Mélenchon pour prendre la tête de liste aux municipales de mars 2026. Elle était la seule candidate.

« J’incarnerai le Paris populaire », assure la députée et conseillère régionale de 46 ans qui prône une « rupture » avec le bilan de la maire socialiste sortante Anne Hidalgo. « Je ne m’achèterai pas de robes à 6 000 euros », a-t-elle taclé dans une allusion à la polémique sur les notes de frais de l’édile à la tête de la capitale depuis 2014.

« On va redécouvrir Sophia Chikirou. J’ai laissé pendant des années des adversaires politiques et médiatiques salir mon image. Je suis l’opposé de ma caricature », assure cette proche de M. Mélenchon jugée clivante, y compris à gauche.

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Mise en examen pour « escroquerie aggravée »

Elle a notamment dit cet été ne pas considérer la Chine comme une dictature et avait publié un message comparant le dirigeant du Parti communiste (PCF) Fabien Roussel à Jacques Doriot, ancien communiste passé à la collaboration dans les années 1940.

Elle est par ailleurs mise en examen notamment pour « escroquerie aggravée » sur les comptes de campagne du candidat à la présidentielle en 2017, des faits qu’elle conteste. « C’est une frustration d’être mise en examen à tort, mais ce n’est pas un problème politique », fait-elle valoir.

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A Paris, elle peut tabler sur sa notoriété. « Mon avantage, si c’en est un, c’est qu’on me connaît », fait valoir la candidate créditée dans un récent sondage de 12 % des intentions de vote au premier tour – score suffisant pour maintenir sa candidature au second. Aujourd’hui, La France insoumise (LFI) n’a pas d’élu au Conseil de Paris mais Mme Chikirou compte sur la réforme de la loi PLM (Paris-Lyon-Marseille), qui permet d’élire directement les conseillers de Paris sans passer par le filtre de l’arrondissement.

Réduction du coût du logement

Dès ce week-end, 5 000 militants « insoumis » tracteront, selon elle, dans les arrondissements de gauche pour « faire progresser la participation » là où LFI a fait ses meilleurs scores à la présidentielle de 2022 comme aux élections européennes de 2024. Les têtes de listes des 17 arrondissements sont déjà désignées, dont l’ancien auteur des « Guignols » Bruno Gaccio dans le 7arrondissement, tenu par Rachida Dati.

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Au cœur de sa campagne : la réduction du coût du logement. « Quand les familles parisiennes sont obligées de partir parce que se loger est trop cher, c’est que les politiques mises en place ne répondent pas à leurs besoins », critique Mme Chikirou.

L’aspirante maire promet aussi la mise en œuvre d’une « éducation communale », avec un investissement massif en faveur des animateurs du périscolaire, actuellement en grève contre la « précarisation » du secteur. « Je ne serai pas Anne Hidalgo, David Belliard [adjoint écologiste de la maire] ou Ian Brossat [ex-adjoint communiste] qui disent que la mairie ne peut rien faire, que c’est la faute de l’Etat », dit-elle.

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Pas d’accord avec le reste de la gauche

Comme à Marseille et à Lyon, les « insoumis » parisiens partiront au premier tour indépendamment du reste de la gauche. Interrogée sur une alliance au deuxième tour si elle atteint la barre des 10 %, la députée laisse entendre que la porte reste ouverte aux Ecologistes menés par David Belliard. Mais pas au candidat socialiste Emmanuel Grégoire « qui a dit “pas d’accord avec LFI, ni au premier ni au second tour” », relève-t-elle.

Les prétendants socialiste et écologiste sont toujours en négociations sur une liste commune aux forces de gauche (Parti socialiste, Ecologistes, PCF, Place publique, anciens « insoumis » de L’Après…), mais achoppent notamment sur le périmètre de l’union, Emmanuel Grégoire écartant toute discussion avec LFI, contrairement à David Belliard.

Le maintien de Mme Chikirou au second tour fragiliserait quoi qu’il en soit les chances pour la gauche de garder la capitale dans son giron, alors que les sondages donnent gagnante la candidate Les Républicains Rachida Dati.

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Le Monde avec AFP

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