Au Village Vacances Famille (VVF) de La Turballe, en Loire-Atlantique, les bourrasques balaient les maisonnettes blanches disséminées dans les dunes, à quelques mètres de l’océan Atlantique. En cette mi-juillet, la plage est déserte. Le ciel gris n’empêche pas les enfants d’investir la piscine, mais la température fraîche n’incite pas à s’attarder sur les transats, ni dans le café snack.
Un tiers des cent cinquante gîtes sont vides, et les semaines à venir s’annoncent du même acabit. « En général, à cette époque de l’année, j’ai déjà des semaines complètes. Là, c’est loin d’être le cas. Et sur place, les gens consomment peu. Le snack et la boutique marchent moins bien que d’habitude », commente Maëlle Colin, la directrice de ce VVF. Dans l’ensemble du réseau, les taux de réservation sont en recul de 7 % pour juillet. Et si l’on compare à 2019, année de référence avant la pandémie, « la baisse approche les 20 % sur le littoral », remarque Stéphane Le Bihan, directeur général du groupe. « En vingt ans de métier, je n’ai jamais vu ça. »
L’été 2024 ne sera probablement pas un grand cru pour les professionnels du tourisme. Le nombre de Français qui partent en vacances est en baisse de deux points par rapport aux deux étés précédents, selon une enquête menée chaque année par le cabinet Protourisme, qui interroge un échantillon de 3 000 personnes. Parmi ceux qui partent (47 % des interrogés), une part croissante a choisi un hébergement non marchand (famille, amis), tandis que le budget vacances moyen est inférieur à celui de l’été 2023. « Cette année, les vacances, c’est moins loin, moins cher, et moins longtemps », résume Didier Arino, directeur de Protourisme. D’autres tendances se dégagent de cette étude : l’écart se creuse entre les habitants des grandes villes, qui partent davantage en vacances, et ceux qui vivent en zone rurale ; ainsi qu’entre les salariés des grandes entreprises et les agents du service public, plus enclins à s’offrir des escapades estivales, et les autres.
Forts contrastes d’une région à une autre
Si les campings enregistrent, à date, les mêmes taux de réservation qu’en 2023, cela est dû à la hausse de la clientèle étrangère, qui compense la baisse des nationaux (– 2 %), indique la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA). Aussi, les contrastes sont forts selon les régions. En Normandie, par exemple, la baisse des réservations pour l’été atteint 15 %. « On espère que la clientèle viendra en dernière minute, affirme Christophe Lelièvre, président de la FNHPA Normandie. Certains campings commencent à casser leurs offres du samedi au samedi, pour proposer des séjours en mobile-home de deux ou trois jours. » La moitié sud s’en sort mieux : en Provence-Alpes-Côte d’Azur, les réservations dans les campings sont en hausse de 14 % par rapport à 2023. Même tendance dans les hôtels : en juillet, les taux d’occupation sont en retrait partout en France, sauf sur la Côte d’Azur, selon la dernière édition de l’observatoire de l’Alliance France Tourisme. La baisse est particulièrement marquée en Bretagne et sur le littoral Atlantique, mais aussi dans les Alpes.
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