Des militants de Greenpeace ont abordé, samedi 30 novembre, un navire pétrochimique au large de la Corée du Sud, où se tiennent jusqu’à dimanche des négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique. Ces militants « sont montés à bord d’un pétrolier qui devait charger des produits chimiques plastiques toxiques provenant du complexe sud-coréen Hanwha TotalEnergies », a annoncé l’organisation écologiste dans un communiqué. Ce complexe est situé à Daesan, à environ 60 kilomètres au sud-ouest de Séoul.
Selon Greenpeace, l’opération a eu lieu à partir du voilier Rainbow-Warrior, le principal bateau de l’organisation. Plusieurs activistes à bord de canots pneumatiques ont abordé le navire Buena-Alba, qui était au mouillage. Quatre d’entre eux ont escaladé l’un des mâts et se sont installés au sommet en déployant une banderole réclamant un « traité fort sur le plastique ».
D’autres militants restés à bord d’un canot pneumatique ont peint le slogan « Le plastique tue » en grandes lettres blanches sur la coque du navire, selon une vidéo diffusée par Greenpeace. Toujours d’après l’ONG, le Buena-Alba, qui bat pavillon panaméen, attendait d’accoster à Daesan pour y charger du propylène, un produit pétrochimique utilisé pour fabriquer du plastique.
« Faire pression sur les négociateurs »
« Les militants sont montés à bord du navire pacifiquement et n’ont rencontré aucune réaction de la part de l’équipage », a déclaré Angelica Pago, porte-parole de Greenpeace. « Les grimpeurs ont réussi à installer un camp » au sommet du mât, a-t-elle rapporté à l’Agence France-Presse (AFP). « Ils ont l’intention d’y rester pour continuer à faire pression sur les négociateurs, afin qu’ils résistent à l’ingérence de l’industrie des combustibles fossiles et de la pétrochimie dans les discussions et qu’ils parviennent à un traité qui réduise fortement la production de plastique. »
Les autorités sud-coréennes ont confirmé les faits. « Des policiers ont été déployés sur le navire, et nous effectuons des sommations pour faciliter leur débarquement en toute sécurité », a déclaré à l’AFP un porte-parole des gardes-côtes sud-coréens. « Nous avons l’intention de mener une enquête approfondie pour déterminer si des actes illégaux ont été commis pendant cet incident », a-t-il ajouté.
Cette action de Greenpeace intervient alors que plus de 170 pays négocient à Pusan, dans le sud de la Corée du Sud, un traité mondial contre la pollution plastique. Les pourparlers piétinent en raison de l’opposition, pour le moment irréconciliable, entre une majorité de pays voulant un traité ambitieux comprenant des coupes dans la production de plastique et un petit groupe d’Etats, principalement des producteurs de pétrole, qui estiment que le traité devrait uniquement concerner le traitement des déchets.
« Un traité qui ne s’attaquerait pas à la production de plastique serait un échec, et cela devrait être une ligne rouge pour tous les gouvernements qui s’engagent à mettre fin à la crise de la pollution plastique », a écrit dans le communiqué Graham Forbes, le chef de la délégation de Greenpeace à Pusan.
L’organisation écologiste dénonce la présence à Pusan de dizaines de lobbyistes de l’industrie pétrochimique qui « utilisent leur pouvoir, leur argent et leur accès pour tenter de faire en sorte que le traité ne fasse pas ce qu’il doit faire, à savoir fermer le robinet de la production de plastique ».