Les collectivités locales dépensent de plus en plus pour la transition écologique, mais restent loin du compte pour tenir les objectifs climatiques de la France. Ce constat est effectué par l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), qui publie, vendredi 13 septembre, son « Panorama des financements climat des collectivités locales », en pleine polémique sur le dérapage des finances publiques. Le gouvernement démissionnaire accuse les collectivités locales d’en être en grande partie responsables. « Seize milliards d’euros » de dépenses non prévues, a souligné Thomas Cazenave, ministre délégué chargé des comptes publics démissionnaire. « Des chiffres complètement fallacieux », a rétorqué André Laignel, président du Comité des finances locales.
Or, selon les calculs de l’I4CE, les communes, départements et régions devraient investir 19 milliards en moyenne par an dans la transition écologique jusqu’en 2030 pour respecter les engagements climatiques du pays. Un effort conséquent puisque leurs sommes consacrées à cet enjeu n’ont été « que » de dix milliards en 2023, selon les estimations des experts. « Les collectivités locales investissent de plus en plus dans la transition, elles doivent continuer à le faire, résume Damien Demailly, directeur adjoint de l’institut, avant d’esquisser la quadrature du cercle. Il y a une incompatibilité entre la stratégie de désinvestissements qui leur est demandée et les investissements attendus. »
Depuis huit ans, les collectivités montent en puissance sur les questions climatiques. En 2017, elles avaient dépensé 5,7 milliards d’euros ; en 2022, 8,3 milliards et, donc, environ 10 milliards en 2023 (sur un total d’investissements de 77,3 milliards). Mais l’effort des années à venir s’annonce encore conséquent pour atteindre la moyenne de 19 milliards. En 2022, les experts de l’I4CE avaient prévu que l’enveloppe annuelle devrait atteindre 12 milliards d’euros. Depuis, les collectivités locales, comme l’Etat, ont pris du retard, l’inflation pèse sur les coûts et, surtout, la France s’est dotée d’un nouvel objectif de réduction de 55 % des émissions brutes de gaz à effet de serre en 2030, par rapport au niveau de 1990.
« Nous ne sommes à pas à la hauteur des besoins, il y a encore un effort à faire », décrypte Aurore Colin, spécialiste à l’I4CE du financement de la transition bas-carbone – tout en précisant que cette estimation est plutôt prudente. Les secteurs de l’agriculture, de la biodiversité, des déchets, de l’eau et de l’assainissement ne sont pas inclus dans ces calculs.
Il vous reste 57.36% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.